La Playstation est souvent vue comme la machine type représentant la transition entre le monde de la 2D et celui de la 3D. C’est vrai… Mais pas seulement. La démocratisation du CD-Rom, moins cher à produire que des cartouches, rendait accessible le développement console à de nombreux petits développeurs. C’est le cas de Gust ! Petite boîte Japonaise qui avait sorti jusque là un seul jeu de stratégie sur micro-ordinateur japonais PC-98 : “The story of King Ares”, ils sautèrent goulûment sur la Playstation avec pas moins de 4 jeux sortis entre 1995 et 1996 ! L’histoire ne les a pas retenus mais je tiens à mentionner Meru Purana, qui m’éclate particulièrement avec son système de combat 1v1 où on semble pouvoir se TP derrière les gens façon DBZ dans un background tout pété. Franchement ça a l’air d’être la folie. Apparemment “Falcata” a aussi fait une petite impression dans le studio pour des raisons que l’on verra après. C’est un jeu de gestion avec une atmosphère perse où on lead une team avec lequel il faut bien s’entendre avec ses membres… Sinon ces derniers peuvent nous trahir ! Cependant leur grand succès sur le moment, c’était les deux épisodes de Welcome House, un jeu d’aventure 3D façon Alone in the Dark trop trop bizarre où ton oncle a piégé ta maison avec des gags cartoons et y’a des rires enregistrés quand genre tu te prends une enclume !
Gust avant Atelier, c'était une boite qui proposait expérimentation sur expérimentation et je ne résiste pas à l'envie de vous montrer ça !
De gauche à droite Meru Purana, jeu tactique aux combat DBZ (clic droit => audible, ça balance !), Welcome House et son humour cartoon puis Falcata et sa gestion d'équipe !
C’était vraiment un temps d’expérimentation d’autant que ces jeux étaient vraiment produits très vite ! Puis vient 1997 avec Atelier Marie qui marqua pour toujours l’histoire de la boîte en étant le premier de la très grande série des Ateliers ! Maintenant que nous avons enfin accès à la traduction du jeu, voyons voir ce qui a changé ou non avec un épisode plus moderne comme dans la série des Arlands !
Support : PSX / Saturn / Smartphone. PS2 / Dreamcast dans une compilation.
Développeur : Gust
Date de sortie : 1997
Genre :Gestion / RPG
Marlonne d’un nom de famille inconnu mais que tout le monde surnomme “Marie” est la pire élève de la célèbre école d’alchimie de Salburg. Désespérée par la personnalité définitivement anti-scolaire de son élève, son instructeur Ingrid décide de changer un peu ses méthodes pour parvenir à lui faire apprendre quelque chose. Elle aura droit à son propre Atelier avec lequel elle devra, pendant 5 ans, aller chercher les matériaux elle-même, travailler son alchimie pour rendre des services afin de gagner de l’argent et peut être réussir à passer à la classe supérieure ! Ne me questionnez pas sur cet évident traitement préférentiel, c’est de l’éducation !
La boucle de l’alchimie
Le début du jeu est plutôt compliqué, on a très peu de recettes et récupérer des ingrédients prend beaucoup de temps. L’argent est censé être récupéré à partir de requêtes postées dans le bar mais la plupart de ces petits jobs concerne des choses que l’on ne sait tout simplement pas faire en début de jeu ! Il faudra à la place remplir des missions de collecte ce qui rapporte bien moins… Sans compter que rapidement il faudra récupérer ces ingrédients plus loin que la forêt d’à côté ce qui prendra plusieurs jours et occasionnera peut être ( sans doute ) un combat contre des monstres !
Marie étant initialement très faible, il faudra que le joueur paye des partenaires plus ou moins forts afin qu’ils l’accompagnent ! Plus ils se lieront d’amitié avec vous et moins ils demanderont cher ! Cette idée de lier “amitié” et “avantage systémique” est le genre de truc qui est directement inspiré de Falcata apparemment. D’ailleurs… Vous pouvez aussi demander à votre copine d’enfance de venir gratuitement mais elle est encore plus nulle que vous donc ça vaut pas tant le coup !
Donc en gros, ma punition c'est qu'on m'offre un local et de l'argent pour démarrer... Je ne sais pas si c'est si horrible que ça moi...
Le début consistera à trouver les petits jobs qu'on peut faire et de synthétiser ça en faisant gaffe au temps.
Bref, beaucoup des matériaux récupérés dans ces expéditions serviront à faire de l’alchimie… C'est-à-dire en gros du “craft” avant que Minecraft rende ça cool. L’idée est que près de sa grosse marmite, Marie peut choisir une recette pour fabriquer un machin, elle peut regarder le nombre d'ingrédients nécessaire, le pourcentage de chance de réussite et le temps que cela prendra pour le fabriquer et choisir la quantité voulue. Une fois tout validé, les ingrédients se combinent et avec un peu de chance, notre objet sort tout neuf ! Une règle apporte son lot de subtilités cependant : on ne peut pas économiser. Si un objet prend 0.5 jours à faire et utilise 0.2 ingrédients pour être fait, il faudra la journée entière pour en faire un… Par contre, si on en fait genre 4 d'affilée, ça ne prendra que deux jours ! ( ouais refaites les maths, normalement ça marche ) C’est toujours assez agréable de tenter d’optimiser de cette manière pour s’éviter des trajets de récupération d’objets dans la nature et bien sûr de perdre du temps; Le joueur peut se considérer comme étant sous pression puisqu’il n’a que 5 ans après tout !
De fil en aiguille, on parviendra à faire suffisamment d’argent pour investir dans des livres qui permettront de fabriquer davantage de choses car oui peut être que la vraie punition donnée par l’académie, c’était de couper à leur pire élève l’accès à la bibliothèque et de lui faire payer pour ses manuels scolaires ! Enfin, progressivement, nous allons pouvoir créer ce qui est demandé au tableau des petites annonces de la taverne ce qui permettra de faire encore plus d’argent… De l’argent qui va à nouveau servir à découvrir plus de recettes etc etc, vous avez compris le délire. La boucle de gameplay est simple mais le jeu y ajoute des rumeurs permettant de découvrir de nouveaux endroits; des endroits plus dangereux et donc nécessitant d’embaucher des gens plus cher ainsi que des objets facilitant certaines synthèses.
Apprenez plus de recettes et à reconnaître davantage d'ingrédients avant de partir en cavale !
Ce sera l'occasion de payer des compagnons qui rendront les combats basiques plus abordables.
Self Made Alchemist.
Gust ayant ses racines dans les jeux de stratégies assez systémiques, il n’est pas si étonnant de voir finalement très peu de ces petites scènes de tranches de vie entre les personnages qui feront le charme de la série dans le futur. Ceci dit, on avait dès ce premier épisode des jauges d’amitié pour chaque personnage qu’il faudra monter en combattant avec ou en résolvant ses problèmes en faisant des objets spécialement pour eux. Ils sont sympas en plus, ils viennent vous voir quand on a fini seulement ! Malheureusement si le personnage a peu d’affection pour vous, il aura de fortes chances de ne pas vouloir intégrer votre équipe parce qu’il a mieux à faire ! Difficile alors de faire monter l’affection… C’est un cercle vicieux qui fait que le tiers du cast pouvait pas me blairer !
Cette absence de feedback sur ce qu’il faut faire peut d’ailleurs étonner un joueur moderne de la série. Oui faut faire “un truc cool au bout de 5 ans” mais au delà de ça on a finalement assez peu d’objectif concret. En gros on doit se fixer nos propres objectifs et ne pas être vexé si le jeu ne semble pas les reconnaître de prime abord. Genre, Atelier Marie avait beau être rough, je m’attendais sincèrement à une petite scène un peu cool lorsque je suis revenu après avoir terrassé le dragon qui attaquait à chaque jour resté en montagne pour récupérer des matériaux. J’avais clairement pas les moyens de l’affronter alors je fuyais jour après jour tout en récupérant ce que je pouvais… C’était pas simple !
J'ai pas gardé ma sauvegarde près du boss du dragon qui était trop cool ! J'avais fait masse d'objet pour le battre !
C'est l'occasion de balancer quelques images de la version Playstation originel qui a son petit charme je trouve.
J’ai alors bien mis 6 mois à faire mon petit plan pour le défoncer. A créer tous les objets d'attaque nécessaire, les objets de soin assez énervé pour bien soigner mes combattants et les objets de support sans doute pas suffisamment testé par les développeurs tellement ils sont OP. C’est en vrai un plaisir unique à Atelier d’envoyer dans la tronche d’un boss un objet qu’on a mis du temps à préparer en vue de cette bataille d’ailleurs !
Du coup après cette bataille si dure je m’attendais à avoir genre des félicitations dans le bar ou quelque chose comme ça non ?.... Ben non… Rien…… Mais au moins le dragon avait disparu et je pouvais récolter mes ingrédients tranquilles ! Atelier Marie, il est comme ça, il est simple, faut pas trop lui en demander. On prend du plaisir à simplement évoluer et faire de plus en plus de choses avant que le jeu ne s’arrête.
De temps en temps, on sort et on a un évènement super cool après la synthèse d'un objet en particulier.
Souvent y'a que dalle par contre... C'est dommage parce que l'art de Kohime Oze a un charme nostalgique indéniable.
Créateur de succès
Atelier Marie est clairement un petit jeu à budget dans la même veine expérimentale que ce qu’on a vu plus tôt. Il devait d’ailleurs au début être plus proche d’un jeu tactique puisque c’était la spécialité du studio. Shinichi Yoshiike, cependant, proposa à son collègue l’illustrateur Kohime Ôze de faire plutôt un autre type de jeu… Un jeu qu’il avait en tête depuis qu’il s’était intéressé à la “vraie” alchimie alors qu’il était étudiant à partir de vrais livres sur le sujet ! Du coup, cela faisait un petit moment qu’il avait en tête ce concept de jeu où on collecterait des choses pour en fabriquer d’autres !
En vrai, ça se voit dans Atelier Marie qu’il a un petit côté “rigoureux” qui m’a un petit peu échappé sur le moment. Les différents ingrédients sont rangés par couleur élémentaire ( rouge pour feu, bleu pour eau etc ), il n’est possible de mélanger que des ingrédients de deux couleurs différentes et la couleur de l’un d’entre eux doit systématiquement être neutralisé par un ingrédient de synthèse nommé “neutraliser”, systématiquement le plus facile à produire en plus. Même les ingrédients de ce premier épisode ont été imaginé comme étant assez proche de “la vraie vie” ( ou en tout cas son folklore ) avec de la roche, des dents de monstre, des minéraux rares, de l’eau particulière, on fabrique des pierres polis ( quitte à ce qu’elles soient magique ), de la poudre pour lustrer les minéraux, des potions…
Shinichi Yoshiike à gauche avait vraiment étudié l'alchimie "dans la vraie vie" avant de faire Atelier ! Bon la photo date de 20 ans après...
De son coté Kohime Ôze n'aura été illustrateur que sur Atelier Marie avant de revenir bien plus tard à Gust en tant que producer.
Ça parait anodin mais le setting est beaucoup plus terre à terre que dans les suites où le joueur n’aura aucun problème à créer des pâtisseries via l’alchimie qui ressemble, du coup, bien davantage à de la magie. Même la description des objets précise que l’ingrédient “carapace de tortue millénaire” est bien de synthèse car la mer est très loin du pays dans lequel se situe le jeu… C’est mignon ces petits détails non ? Il y a une vraie logique un peu “nerd” que je trouve adorable dans la manière dont tout marche et seul le dernier objet dont je parlerais après en spoiler, de par son importance, déroge à la règle et permet de combiner les 4 éléments ensembles.
Pour le reste, Yoshiike n’était pas trop à l’aise dans la création d’un monde sombre et est parti au contraire dans quelque chose de plus “fluffy” ( duveteux ) pour reprendre ses mots. Cette tendance sera conservée dans la suite de la série même quand elle deviendra plus sombre à certains endroits. Il prouvera aussi à mainte reprise qu’il aime regarder les tendances du moment pour en habiller sa série et c’est même ainsi qu’il a décidé que le protagoniste du jeu serait une jeune femme. A l’époque en effet, beaucoup d’hommes se mettait à lire des manga pour fille ( les fameux “shojos”, ptêt qu’il a juste vu le succès de Sailor Moon ? ) et que plus de filles se mettaient à jouer à partir de la Playstation… On peut dire qu’il a eu le nez creux vu que la moitié du public d’Atelier Marie s'avérera être effectivement des femmes !
Pour créer l'amitié féminine sans doute la plus mise en avant du jeu, Yoshiike s'est inspiré d'un roman du siècle dernier !
C'est une sorte de tranche de vie avec des jeunes filles best seller au Japon ! Le Moe originel ? !...
Une particularité est que les personnages ont finalement très peu de background. On ne sait rien de Marlonne, de ses parents, de sa vie. Juste sa personnalité qui aurait pu être opiniâtre et orgueilleuse selon les développeurs mais qui fut finalement choisie comme étant décontractée. En fait sa plus grande relation est une amitié solide qu’elle entretient avec son amie d’enfance Sharl. C’est une idée qui aurait été inspirée du roman canadien “Anne… la maison aux pignons verts” où une orpheline se fait envoyer à une famille à la place d’un garçon comme c’était initialement prévu. Anne l’extravertie et sa meilleurs amie Diane plus introvertie se reflèterait dans les personnages de Marie et Sharl.... Oui ça parait très random mais apparemment le roman est un vrai best seller au Japon !
Des events pour briser la monotonie.
Finalement je continue le jeu et j’eu l’occasion de voir une certaine originalité d’Atelier Marie par rapport aux épisodes futurs : Les mini-jeux. En effet lors de moment clés genre l’obtention pour la première fois d’un ingrédient très puissant ou la création d’un objet balèze, un mini jeu se déclenche pour déterminer si vous allez effectivement garder votre objet ou réussir votre synthèse ! Y’en a où il faut bourrer un bouton, d’autres où il faut éviter des ennemis dans un labyrinthe pour récupérer ce qu’on souhaite, c’est assez diversifié même si ça coupe un peu le rythme du jeu à mon goût… D’autant qu’ils sont pas tous si simple que ça et qu’on a vraiment pas envie de renoncer à son objet parce qu’on a perdu à un jeu ! Je pense que je les aurais préférés ( parce qu’ils sont mignons en vrai ) s' ils nous récompensaient avec un plus grand nombre d’ingrédients au lieu de nous récompenser par le fait de ne pas nous punir.
Ouah, trop content d’avoir perdu mon objet super rare parce que j’ai pas réussi ce niveau de Pac-man...
Heureusement, je peux embaucher des fées pour faire aller chercher des ingrédients communs à ma place. Capitalism. Oh !
Bon après, le jeu s'ouvre à d'autres nouvelles mécaniques plus pertinentes, acheter les livres a moins d'importance puisqu'on débloque l'accès à la bibliothèque et le plus grand vecteur d'optimisation arrive sous la forme de petite fée que l'on peut embaucher pour un salaire fixe par mois et qui synthétiseront les objets simples que vous leur demanderais à moins que vous ne préfériez les envoyer chercher des ingrédients à l'autre bout de la map; ils semblent pouvoir s'y téléporter ! Choisir avec soin leur prochaines tâches pour aller au plus optimisé reste un grand plaisir du jeu même si ce que retiendra surtout le public c'est l'importance de faire augmenter l'affinité avec les personnages ! L'occasion de débloquer de petits évènements les mettant en scène ( en général ils frappent à la porte et demandent un objet en particulier ) pour un petit arc narratif les concernant. C'est généralement pas bien gros mais ça peut avoir des effets surprenant comme l'acquisition de la meilleure arme de Marie que j'ai eu par surprise et qui a une attaque spéciale qui cible tous les monstres et les défoncent tous, c'est la folie ! D’autres types d'événement existent hors des personnages mais ils sont plus rares et se déclenchent au fur et à mesure du jeu. Je vais malgré tout mettre la suite de ce paragraphe sous spoiler pour ceux dont je vais parler ( qui se situent plutôt vers la fin ) !
C’est rough quand même…
Finalement, le dernier aspect d’Atelier se dévoile à sa conclusion…. Les fins, justement, sont multiples. Le jeu étant très simple je n’eut pas grand mal à avoir la fin “considéré être la meilleurs” à savoir avoir réussi à synthétiser 100% des objets du jeu. A cause de ça ma Marie devint une élève studieuse parmi l’élite de l’académie au lieu de n’être “qu’à la classe supérieur”... Sauf que je ne suis pas d’accord ! Les gens qui ont vu le spoiler en témoignent ! Je mérite pas genre “un peu plus” que ça ? Il y a une fin qui témoigne de certains de mes plus grands accomplissements mais la fin “100% des objets du jeu” prend la priorité sur elle… Et puis même, la fin me dit que Marlone finalement avait changé au cours de ces 5 ans sauf que je suis pas d’accord non plus ! Elle n'a jamais été scolaire et je l’aimais bien pour ça ! Pourquoi ça changerait ? D’ailleurs les développeurs eux même ne s’y sont pas trompé puisque lorsqu’il fallu faire la suite, il fut choisi une autre fin dans lequel Marlone a choisi d’être aventurière défonçant des monstres puissants à coup de bombes avec sa copine Sharl qui l’attend ! Là je la reconnais !
Chez moi Marie est devenu une sorte de chercheuse mais euh ça lui va pas du tout alors j'ai voulu tenter la fin aventurière en grindant !
Trop tard... 100% de complétion me bloque dans ma fin... Mais j'ai rarement été heureux de mes fins dans les Ateliers...
En vrai la fin n’a pas TANT d’importance, c’est pas comme Shin Megami Tensei où le chemin que tu prends dépend en partie de ton alignement.. Faut plutôt le voir comme un rang attribué à la fin d’une run pour la qualifier. Le directeur Yoshiike stipulait même qu’il voyait à l’époque Atelier Marie comme un jeu de time attack où on tenterait d’avoir le “meilleurs score / la meilleurs fin”. Ca pourrait se tenir, j’ai moi même dormi une demi année après avoir complété tous mes objets pour avoir ma fin. On peut imaginer des runs dans lesquels le but est de finir le jeu le plus rapidement possible, on verra que ce n’est pas vraiment dans cette direction que prit la série.
Succès sur le long terme
Initialement, Atelier Marie se vendra moins bien que “Welcome House” précédemment mentionné. Le succès arriva dans un second temps par le bouche à oreille notamment du public féminin qui devint très enthousiaste avec le titre ! Il y avait des critiques, oui, notamment le fait qu’avoir un pourcentage de chance que la synthèse échoue et qu’on se retrouve avec du déchet et plus d'ingrédients était franchement lourdingue… D’autant que ça sert à rien ! Perso j’ai rechargé ma sauvegarde à chaque fois que ça arrivait sans le moindre scrupule !
Même si le succès ne fut pas immédiat, Atelier Marie eut, on le sait, assez de poids pour changer totalement la destination du studio. La plupart des ingrédients et objets que l’on peut créer dans le jeu deviendront des constantes de la série, certains monstres comme les punis sont encore là de nos jours bref il a beau être simple, son influence est ressentie dans tous les jeux actuels de Gust comme si il était un canon sacré à respecter ! Le succès du jeu fut tel qu’un véritable show radio fut organisé dans lequel une comédienne incarnant Marie discute avec son assistant fée de ses prochaines synthèses. Ici, on comprend mieux pourquoi Marie est une “mauvaise élève”, refusant de suivre les manuels, de mesurer les ingrédients et se fiant à son instinct, elle produit parfois des résultats extraordinaires mais le plus souvent des explosions… Un autre gag qui sera récurrent dans la série.
Il a l'air de rien ce forgeron mais il restera dans la série en caméo pendant ULTRA longtemps !
En fait c'est après la sortie du jeu et de ses produits dérivés comme cette émission radio que Gust prendra conscience de l'importance des personnages.
L’air de rien, ce show radio a mieux concrétisé la personnalité de Marie dans l’optique où dans ma partie, elle ratait au contraire bien peu ce qu’elle entreprenait… ou alors c’est parce qu’elle avait pas l’objet pour se faciliter la synthèse I Dès la suite, Marie apparaîtra bien davantage comme cet espèce de personnage optimiste au tempérament aussi explosif que ses expériences. Un show qui fut finalement assez important pour comprendre que les gens jouaient à Atelier aussi pour voir des personnages rigolos faire des choses rigolotes. Cette suite, ce sera bien sûr Atelier Elie que je décrirais peut être plus en détail un jour pour compléter cet article même si il est fatalement moins intéressant car suivant la voie du premier épisode.
Le jeu original a eu droit à un portage sur Saturn avec des événements supplémentaires et une septième fin inédite si on parvient à amener notre ami d’enfance nulle au niveau 50 avec nous. C’est une fin un peu gag mais elle est intéressante car c’est du coup la première fin de la série qui a un rapport direct avec l’un des personnages du cast, des choses qui deviendront bien plus courantes par la suite; dans lequel les fins jouent définitivement plus le rôle d’apporter une conclusion au style de jeu du joueur ( si il a amassé une vraie fortune, si il a été plutôt un guerrier, si il a passé son temps à romancer “ce” mec ) plutôt qu’une récompense pour avoir été rapide et avoir tout fait… Même si les deux existent encore ! La version Saturn utiliserait même l’horloge interne de la machine pour afficher des petits messages à certaines dates clés comme Noël ou l’anniversaire de Marie… C’est choupi… Et c’est la seule chose qui ne sera pas transférée sur Playstation dans la version “Atelier Marie Plus” qui reprend sinon tous les ajouts de la version Saturn... Car oui on l’oublie mais à cette époque sans possibilité d’updater son jeu, il fallait souvent racheter le jeu pour avoir ces petits ajouts supplémentaires ! Il y aurait une version PC avec une mystérieuse fonction online mais le service est terminé aujourd’hui et je ne suis pas parvenu à comprendre ce que ça faisait.
Regardez, c'est Atelier Marie sur PC ! Parait que y'a une fonction online mais j'ai rien trouvé à son sujet et le service est arrêté aujourd'hui...
En 2018, le jeu a eu une version smartphone qui paraît un peu cheap mais a le mérite d'être fidèle au charme du jeu originel.
Atelier Marie sera ensuite offert en bundle sur Dreamcast avec sa suite Atelier Elie sous le nom simple de “Atelier Marie & Elie: The Alchemists of Salburg 1・2”. Il s’agit cependant d’un véritable remake avec une vraie refonte de l’interface et des sprites afin de supporter la résolution supérieure. Même les illustrations d'événements semblent avoir été rescanné depuis la source originelle pour une meilleure qualité ! C’est bien cette version qui sortira ensuite sur PS2 avant d’être finalement fan traduit par le groupe Atelier Traduction en 2018. Vous vous doutez que c’est la version à laquelle j’ai joué et qui comprend tous les ajouts “hors délire de network ou d’horloge interne” qui ont été apportés. Finalement, la dernière version en date est une version smartphone sortie en 2018.
Gust aura tout fait pour surfer sur le succès d’Atelier Marie, c’est un bazar MONSTRE de s’y retrouver au travers de toutes ces suites et ces spin off :
A noter que le scénario de ce dernier jeu servit de base à “Marie & Elie Alchimistes de Salburg”, un manga de Yoshihiko Ochi que je me souviens avoir lu par hasard à la médiathèque alors que je jouais à Atelier Iris sur PS2 ! J’étais bien surpris de voir que ces deux choses étaient liées ! A noter le petit message adorable de l’auteur qui était trop content que sa série parvienne jusqu’à la France. Le plaisir est réciproque !
J'ai lu beaucoup de manga en médiathèque et déjà à l'époque j'aimais beaucoup l'ambiance très décontractée de ce manga.
Ah pour sûr, je ne pouvais pas voir qu'il était basé sur un spin off Gameboy d'un jeu à l'origine d'une autre série auquel je jouais !
Mais vous pensiez que cette digression mangaesque sonnerait la fin de la liste ? Pas du tout !
Pfiouuuuuuuu…
Je ne sais pas à quel point cette absurde quantité de spin off a véritablement apporté grand chose à la série mais il était évident que des excuses à base de “oui mais y’a une nouvelle fille qui doit devenir forte / oui mais on s’est fait cambrioler” n’allait pas marcher indéfiniment pour le nouveau jeu. À partir du 4e “vrai” épisode des Ateliers en effet, on quittera le monde de Salburg pour celui de Gramnard dans lequel ( quasi ) aucun des personnages aimé par les fans n’existent. Atelier Judie aura ses propres amis, son propre monde, son propre système, ses propres inspirations et pourra partir dans sa propre direction tout en restant dans l’idée de faire un jeu sur l'alchimie.
Beaucoup (trop) de suites / spin off ont été imaginés autour des personnages de Salburg avant que Gust décide enfin de repartir à zéro.
Atelier Lilie (2001 / PS2) ; Hermina and Culus: Atelier Lilie Another Story (2001 / PS2) ; Atelier Marie GB (2000 / GameBoy)
Alchemist Marie & Elie ~Futari no Atelier~ (2001 / Wonderswam Color) ; Atelier Marie Ellie & Anise (2003 / GBA ) ; Atelier Marie & Elie (2012 / Mobile )
Une décision courageuse qui signifie que Gust, à partir de maintenant, ne pourra plus compter sur le succès des épisodes précédents pour vendre et essayera toujours de proposer une nouvelle vision d’Atelier à travers sa nouvelle série. Il faudra ainsi sans cesse convaincre son public que ce nouveau monde est tout aussi intéressant qu’auparavant même s' il devra laisser les personnages qu’il aime derrière. Une décision sans doute plus facile à prendre par le fait qu’Atelier se repose avant tout sur un système de jeu satisfaisant et unique. Il est d’ailleurs étonnant comme beaucoup de ce qui faisait le charme de cet opus se retrouve dans la série des Arlands, testé il y a très longtemps sur ce site et qui va surement être updaté prochainement... On y retrouve le même genre de satisfaction lorsqu’on fabrique un objet sur puissant dont on pourra se servir ou que l’on se fout dans la mouise avec des requêtes acceptées mais qu’on parvient in extremis à tout faire rentrer dans le timing en utilisant bien ses aides !
Mais que l’on ne s’y trompe pas, la série est partie dans de nombreuses directions très différentes avec des héroïnes voir des héros qui nous feront oublier Salburg lui-même. Bien sûr, Marie n’est pas totalement effacée puisqu’elle reviendra régulièrement à travers des jeux cross over à la qualité variable mais la série, elle, continuera bien à avancer sans elle et ses amies.
Gust avant Atelier, c'était une boite qui proposait expérimentation sur expérimentation et je ne résiste pas à l'envie de vous montrer ça !
De gauche à droite Meru Purana, jeu tactique aux combat DBZ (clic droit => audible, ça balance !), Welcome House et son humour cartoon puis Falcata et sa gestion d'équipe !
C’était vraiment un temps d’expérimentation d’autant que ces jeux étaient vraiment produits très vite ! Puis vient 1997 avec Atelier Marie qui marqua pour toujours l’histoire de la boîte en étant le premier de la très grande série des Ateliers ! Maintenant que nous avons enfin accès à la traduction du jeu, voyons voir ce qui a changé ou non avec un épisode plus moderne comme dans la série des Arlands !
Support : PSX / Saturn / Smartphone. PS2 / Dreamcast dans une compilation.
Développeur : Gust
Date de sortie : 1997
Genre :Gestion / RPG
Marlonne d’un nom de famille inconnu mais que tout le monde surnomme “Marie” est la pire élève de la célèbre école d’alchimie de Salburg. Désespérée par la personnalité définitivement anti-scolaire de son élève, son instructeur Ingrid décide de changer un peu ses méthodes pour parvenir à lui faire apprendre quelque chose. Elle aura droit à son propre Atelier avec lequel elle devra, pendant 5 ans, aller chercher les matériaux elle-même, travailler son alchimie pour rendre des services afin de gagner de l’argent et peut être réussir à passer à la classe supérieure ! Ne me questionnez pas sur cet évident traitement préférentiel, c’est de l’éducation !
La boucle de l’alchimie
Le début du jeu est plutôt compliqué, on a très peu de recettes et récupérer des ingrédients prend beaucoup de temps. L’argent est censé être récupéré à partir de requêtes postées dans le bar mais la plupart de ces petits jobs concerne des choses que l’on ne sait tout simplement pas faire en début de jeu ! Il faudra à la place remplir des missions de collecte ce qui rapporte bien moins… Sans compter que rapidement il faudra récupérer ces ingrédients plus loin que la forêt d’à côté ce qui prendra plusieurs jours et occasionnera peut être ( sans doute ) un combat contre des monstres !
Marie étant initialement très faible, il faudra que le joueur paye des partenaires plus ou moins forts afin qu’ils l’accompagnent ! Plus ils se lieront d’amitié avec vous et moins ils demanderont cher ! Cette idée de lier “amitié” et “avantage systémique” est le genre de truc qui est directement inspiré de Falcata apparemment. D’ailleurs… Vous pouvez aussi demander à votre copine d’enfance de venir gratuitement mais elle est encore plus nulle que vous donc ça vaut pas tant le coup !
Donc en gros, ma punition c'est qu'on m'offre un local et de l'argent pour démarrer... Je ne sais pas si c'est si horrible que ça moi...
Le début consistera à trouver les petits jobs qu'on peut faire et de synthétiser ça en faisant gaffe au temps.
Bref, beaucoup des matériaux récupérés dans ces expéditions serviront à faire de l’alchimie… C'est-à-dire en gros du “craft” avant que Minecraft rende ça cool. L’idée est que près de sa grosse marmite, Marie peut choisir une recette pour fabriquer un machin, elle peut regarder le nombre d'ingrédients nécessaire, le pourcentage de chance de réussite et le temps que cela prendra pour le fabriquer et choisir la quantité voulue. Une fois tout validé, les ingrédients se combinent et avec un peu de chance, notre objet sort tout neuf ! Une règle apporte son lot de subtilités cependant : on ne peut pas économiser. Si un objet prend 0.5 jours à faire et utilise 0.2 ingrédients pour être fait, il faudra la journée entière pour en faire un… Par contre, si on en fait genre 4 d'affilée, ça ne prendra que deux jours ! ( ouais refaites les maths, normalement ça marche ) C’est toujours assez agréable de tenter d’optimiser de cette manière pour s’éviter des trajets de récupération d’objets dans la nature et bien sûr de perdre du temps; Le joueur peut se considérer comme étant sous pression puisqu’il n’a que 5 ans après tout !
De fil en aiguille, on parviendra à faire suffisamment d’argent pour investir dans des livres qui permettront de fabriquer davantage de choses car oui peut être que la vraie punition donnée par l’académie, c’était de couper à leur pire élève l’accès à la bibliothèque et de lui faire payer pour ses manuels scolaires ! Enfin, progressivement, nous allons pouvoir créer ce qui est demandé au tableau des petites annonces de la taverne ce qui permettra de faire encore plus d’argent… De l’argent qui va à nouveau servir à découvrir plus de recettes etc etc, vous avez compris le délire. La boucle de gameplay est simple mais le jeu y ajoute des rumeurs permettant de découvrir de nouveaux endroits; des endroits plus dangereux et donc nécessitant d’embaucher des gens plus cher ainsi que des objets facilitant certaines synthèses.
Apprenez plus de recettes et à reconnaître davantage d'ingrédients avant de partir en cavale !
Ce sera l'occasion de payer des compagnons qui rendront les combats basiques plus abordables.
Self Made Alchemist.
Gust ayant ses racines dans les jeux de stratégies assez systémiques, il n’est pas si étonnant de voir finalement très peu de ces petites scènes de tranches de vie entre les personnages qui feront le charme de la série dans le futur. Ceci dit, on avait dès ce premier épisode des jauges d’amitié pour chaque personnage qu’il faudra monter en combattant avec ou en résolvant ses problèmes en faisant des objets spécialement pour eux. Ils sont sympas en plus, ils viennent vous voir quand on a fini seulement ! Malheureusement si le personnage a peu d’affection pour vous, il aura de fortes chances de ne pas vouloir intégrer votre équipe parce qu’il a mieux à faire ! Difficile alors de faire monter l’affection… C’est un cercle vicieux qui fait que le tiers du cast pouvait pas me blairer !
Cette absence de feedback sur ce qu’il faut faire peut d’ailleurs étonner un joueur moderne de la série. Oui faut faire “un truc cool au bout de 5 ans” mais au delà de ça on a finalement assez peu d’objectif concret. En gros on doit se fixer nos propres objectifs et ne pas être vexé si le jeu ne semble pas les reconnaître de prime abord. Genre, Atelier Marie avait beau être rough, je m’attendais sincèrement à une petite scène un peu cool lorsque je suis revenu après avoir terrassé le dragon qui attaquait à chaque jour resté en montagne pour récupérer des matériaux. J’avais clairement pas les moyens de l’affronter alors je fuyais jour après jour tout en récupérant ce que je pouvais… C’était pas simple !
J'ai pas gardé ma sauvegarde près du boss du dragon qui était trop cool ! J'avais fait masse d'objet pour le battre !
C'est l'occasion de balancer quelques images de la version Playstation originel qui a son petit charme je trouve.
J’ai alors bien mis 6 mois à faire mon petit plan pour le défoncer. A créer tous les objets d'attaque nécessaire, les objets de soin assez énervé pour bien soigner mes combattants et les objets de support sans doute pas suffisamment testé par les développeurs tellement ils sont OP. C’est en vrai un plaisir unique à Atelier d’envoyer dans la tronche d’un boss un objet qu’on a mis du temps à préparer en vue de cette bataille d’ailleurs !
Du coup après cette bataille si dure je m’attendais à avoir genre des félicitations dans le bar ou quelque chose comme ça non ?.... Ben non… Rien…… Mais au moins le dragon avait disparu et je pouvais récolter mes ingrédients tranquilles ! Atelier Marie, il est comme ça, il est simple, faut pas trop lui en demander. On prend du plaisir à simplement évoluer et faire de plus en plus de choses avant que le jeu ne s’arrête.
De temps en temps, on sort et on a un évènement super cool après la synthèse d'un objet en particulier.
Souvent y'a que dalle par contre... C'est dommage parce que l'art de Kohime Oze a un charme nostalgique indéniable.
Créateur de succès
Atelier Marie est clairement un petit jeu à budget dans la même veine expérimentale que ce qu’on a vu plus tôt. Il devait d’ailleurs au début être plus proche d’un jeu tactique puisque c’était la spécialité du studio. Shinichi Yoshiike, cependant, proposa à son collègue l’illustrateur Kohime Ôze de faire plutôt un autre type de jeu… Un jeu qu’il avait en tête depuis qu’il s’était intéressé à la “vraie” alchimie alors qu’il était étudiant à partir de vrais livres sur le sujet ! Du coup, cela faisait un petit moment qu’il avait en tête ce concept de jeu où on collecterait des choses pour en fabriquer d’autres !
En vrai, ça se voit dans Atelier Marie qu’il a un petit côté “rigoureux” qui m’a un petit peu échappé sur le moment. Les différents ingrédients sont rangés par couleur élémentaire ( rouge pour feu, bleu pour eau etc ), il n’est possible de mélanger que des ingrédients de deux couleurs différentes et la couleur de l’un d’entre eux doit systématiquement être neutralisé par un ingrédient de synthèse nommé “neutraliser”, systématiquement le plus facile à produire en plus. Même les ingrédients de ce premier épisode ont été imaginé comme étant assez proche de “la vraie vie” ( ou en tout cas son folklore ) avec de la roche, des dents de monstre, des minéraux rares, de l’eau particulière, on fabrique des pierres polis ( quitte à ce qu’elles soient magique ), de la poudre pour lustrer les minéraux, des potions…
Shinichi Yoshiike à gauche avait vraiment étudié l'alchimie "dans la vraie vie" avant de faire Atelier ! Bon la photo date de 20 ans après...
De son coté Kohime Ôze n'aura été illustrateur que sur Atelier Marie avant de revenir bien plus tard à Gust en tant que producer.
Ça parait anodin mais le setting est beaucoup plus terre à terre que dans les suites où le joueur n’aura aucun problème à créer des pâtisseries via l’alchimie qui ressemble, du coup, bien davantage à de la magie. Même la description des objets précise que l’ingrédient “carapace de tortue millénaire” est bien de synthèse car la mer est très loin du pays dans lequel se situe le jeu… C’est mignon ces petits détails non ? Il y a une vraie logique un peu “nerd” que je trouve adorable dans la manière dont tout marche et seul le dernier objet dont je parlerais après en spoiler, de par son importance, déroge à la règle et permet de combiner les 4 éléments ensembles.
Pour le reste, Yoshiike n’était pas trop à l’aise dans la création d’un monde sombre et est parti au contraire dans quelque chose de plus “fluffy” ( duveteux ) pour reprendre ses mots. Cette tendance sera conservée dans la suite de la série même quand elle deviendra plus sombre à certains endroits. Il prouvera aussi à mainte reprise qu’il aime regarder les tendances du moment pour en habiller sa série et c’est même ainsi qu’il a décidé que le protagoniste du jeu serait une jeune femme. A l’époque en effet, beaucoup d’hommes se mettait à lire des manga pour fille ( les fameux “shojos”, ptêt qu’il a juste vu le succès de Sailor Moon ? ) et que plus de filles se mettaient à jouer à partir de la Playstation… On peut dire qu’il a eu le nez creux vu que la moitié du public d’Atelier Marie s'avérera être effectivement des femmes !
Pour créer l'amitié féminine sans doute la plus mise en avant du jeu, Yoshiike s'est inspiré d'un roman du siècle dernier !
C'est une sorte de tranche de vie avec des jeunes filles best seller au Japon ! Le Moe originel ? !...
Une particularité est que les personnages ont finalement très peu de background. On ne sait rien de Marlonne, de ses parents, de sa vie. Juste sa personnalité qui aurait pu être opiniâtre et orgueilleuse selon les développeurs mais qui fut finalement choisie comme étant décontractée. En fait sa plus grande relation est une amitié solide qu’elle entretient avec son amie d’enfance Sharl. C’est une idée qui aurait été inspirée du roman canadien “Anne… la maison aux pignons verts” où une orpheline se fait envoyer à une famille à la place d’un garçon comme c’était initialement prévu. Anne l’extravertie et sa meilleurs amie Diane plus introvertie se reflèterait dans les personnages de Marie et Sharl.... Oui ça parait très random mais apparemment le roman est un vrai best seller au Japon !
Des events pour briser la monotonie.
Finalement je continue le jeu et j’eu l’occasion de voir une certaine originalité d’Atelier Marie par rapport aux épisodes futurs : Les mini-jeux. En effet lors de moment clés genre l’obtention pour la première fois d’un ingrédient très puissant ou la création d’un objet balèze, un mini jeu se déclenche pour déterminer si vous allez effectivement garder votre objet ou réussir votre synthèse ! Y’en a où il faut bourrer un bouton, d’autres où il faut éviter des ennemis dans un labyrinthe pour récupérer ce qu’on souhaite, c’est assez diversifié même si ça coupe un peu le rythme du jeu à mon goût… D’autant qu’ils sont pas tous si simple que ça et qu’on a vraiment pas envie de renoncer à son objet parce qu’on a perdu à un jeu ! Je pense que je les aurais préférés ( parce qu’ils sont mignons en vrai ) s' ils nous récompensaient avec un plus grand nombre d’ingrédients au lieu de nous récompenser par le fait de ne pas nous punir.
Ouah, trop content d’avoir perdu mon objet super rare parce que j’ai pas réussi ce niveau de Pac-man...
Heureusement, je peux embaucher des fées pour faire aller chercher des ingrédients communs à ma place. Capitalism. Oh !
Bon après, le jeu s'ouvre à d'autres nouvelles mécaniques plus pertinentes, acheter les livres a moins d'importance puisqu'on débloque l'accès à la bibliothèque et le plus grand vecteur d'optimisation arrive sous la forme de petite fée que l'on peut embaucher pour un salaire fixe par mois et qui synthétiseront les objets simples que vous leur demanderais à moins que vous ne préfériez les envoyer chercher des ingrédients à l'autre bout de la map; ils semblent pouvoir s'y téléporter ! Choisir avec soin leur prochaines tâches pour aller au plus optimisé reste un grand plaisir du jeu même si ce que retiendra surtout le public c'est l'importance de faire augmenter l'affinité avec les personnages ! L'occasion de débloquer de petits évènements les mettant en scène ( en général ils frappent à la porte et demandent un objet en particulier ) pour un petit arc narratif les concernant. C'est généralement pas bien gros mais ça peut avoir des effets surprenant comme l'acquisition de la meilleure arme de Marie que j'ai eu par surprise et qui a une attaque spéciale qui cible tous les monstres et les défoncent tous, c'est la folie ! D’autres types d'événement existent hors des personnages mais ils sont plus rares et se déclenchent au fur et à mesure du jeu. Je vais malgré tout mettre la suite de ce paragraphe sous spoiler pour ceux dont je vais parler ( qui se situent plutôt vers la fin ) !
Spoiler:
C’est rough quand même…
Finalement, le dernier aspect d’Atelier se dévoile à sa conclusion…. Les fins, justement, sont multiples. Le jeu étant très simple je n’eut pas grand mal à avoir la fin “considéré être la meilleurs” à savoir avoir réussi à synthétiser 100% des objets du jeu. A cause de ça ma Marie devint une élève studieuse parmi l’élite de l’académie au lieu de n’être “qu’à la classe supérieur”... Sauf que je ne suis pas d’accord ! Les gens qui ont vu le spoiler en témoignent ! Je mérite pas genre “un peu plus” que ça ? Il y a une fin qui témoigne de certains de mes plus grands accomplissements mais la fin “100% des objets du jeu” prend la priorité sur elle… Et puis même, la fin me dit que Marlone finalement avait changé au cours de ces 5 ans sauf que je suis pas d’accord non plus ! Elle n'a jamais été scolaire et je l’aimais bien pour ça ! Pourquoi ça changerait ? D’ailleurs les développeurs eux même ne s’y sont pas trompé puisque lorsqu’il fallu faire la suite, il fut choisi une autre fin dans lequel Marlone a choisi d’être aventurière défonçant des monstres puissants à coup de bombes avec sa copine Sharl qui l’attend ! Là je la reconnais !
Chez moi Marie est devenu une sorte de chercheuse mais euh ça lui va pas du tout alors j'ai voulu tenter la fin aventurière en grindant !
Trop tard... 100% de complétion me bloque dans ma fin... Mais j'ai rarement été heureux de mes fins dans les Ateliers...
En vrai la fin n’a pas TANT d’importance, c’est pas comme Shin Megami Tensei où le chemin que tu prends dépend en partie de ton alignement.. Faut plutôt le voir comme un rang attribué à la fin d’une run pour la qualifier. Le directeur Yoshiike stipulait même qu’il voyait à l’époque Atelier Marie comme un jeu de time attack où on tenterait d’avoir le “meilleurs score / la meilleurs fin”. Ca pourrait se tenir, j’ai moi même dormi une demi année après avoir complété tous mes objets pour avoir ma fin. On peut imaginer des runs dans lesquels le but est de finir le jeu le plus rapidement possible, on verra que ce n’est pas vraiment dans cette direction que prit la série.
Succès sur le long terme
Initialement, Atelier Marie se vendra moins bien que “Welcome House” précédemment mentionné. Le succès arriva dans un second temps par le bouche à oreille notamment du public féminin qui devint très enthousiaste avec le titre ! Il y avait des critiques, oui, notamment le fait qu’avoir un pourcentage de chance que la synthèse échoue et qu’on se retrouve avec du déchet et plus d'ingrédients était franchement lourdingue… D’autant que ça sert à rien ! Perso j’ai rechargé ma sauvegarde à chaque fois que ça arrivait sans le moindre scrupule !
Même si le succès ne fut pas immédiat, Atelier Marie eut, on le sait, assez de poids pour changer totalement la destination du studio. La plupart des ingrédients et objets que l’on peut créer dans le jeu deviendront des constantes de la série, certains monstres comme les punis sont encore là de nos jours bref il a beau être simple, son influence est ressentie dans tous les jeux actuels de Gust comme si il était un canon sacré à respecter ! Le succès du jeu fut tel qu’un véritable show radio fut organisé dans lequel une comédienne incarnant Marie discute avec son assistant fée de ses prochaines synthèses. Ici, on comprend mieux pourquoi Marie est une “mauvaise élève”, refusant de suivre les manuels, de mesurer les ingrédients et se fiant à son instinct, elle produit parfois des résultats extraordinaires mais le plus souvent des explosions… Un autre gag qui sera récurrent dans la série.
Il a l'air de rien ce forgeron mais il restera dans la série en caméo pendant ULTRA longtemps !
En fait c'est après la sortie du jeu et de ses produits dérivés comme cette émission radio que Gust prendra conscience de l'importance des personnages.
L’air de rien, ce show radio a mieux concrétisé la personnalité de Marie dans l’optique où dans ma partie, elle ratait au contraire bien peu ce qu’elle entreprenait… ou alors c’est parce qu’elle avait pas l’objet pour se faciliter la synthèse I Dès la suite, Marie apparaîtra bien davantage comme cet espèce de personnage optimiste au tempérament aussi explosif que ses expériences. Un show qui fut finalement assez important pour comprendre que les gens jouaient à Atelier aussi pour voir des personnages rigolos faire des choses rigolotes. Cette suite, ce sera bien sûr Atelier Elie que je décrirais peut être plus en détail un jour pour compléter cet article même si il est fatalement moins intéressant car suivant la voie du premier épisode.
Le jeu original a eu droit à un portage sur Saturn avec des événements supplémentaires et une septième fin inédite si on parvient à amener notre ami d’enfance nulle au niveau 50 avec nous. C’est une fin un peu gag mais elle est intéressante car c’est du coup la première fin de la série qui a un rapport direct avec l’un des personnages du cast, des choses qui deviendront bien plus courantes par la suite; dans lequel les fins jouent définitivement plus le rôle d’apporter une conclusion au style de jeu du joueur ( si il a amassé une vraie fortune, si il a été plutôt un guerrier, si il a passé son temps à romancer “ce” mec ) plutôt qu’une récompense pour avoir été rapide et avoir tout fait… Même si les deux existent encore ! La version Saturn utiliserait même l’horloge interne de la machine pour afficher des petits messages à certaines dates clés comme Noël ou l’anniversaire de Marie… C’est choupi… Et c’est la seule chose qui ne sera pas transférée sur Playstation dans la version “Atelier Marie Plus” qui reprend sinon tous les ajouts de la version Saturn... Car oui on l’oublie mais à cette époque sans possibilité d’updater son jeu, il fallait souvent racheter le jeu pour avoir ces petits ajouts supplémentaires ! Il y aurait une version PC avec une mystérieuse fonction online mais le service est terminé aujourd’hui et je ne suis pas parvenu à comprendre ce que ça faisait.
Regardez, c'est Atelier Marie sur PC ! Parait que y'a une fonction online mais j'ai rien trouvé à son sujet et le service est arrêté aujourd'hui...
En 2018, le jeu a eu une version smartphone qui paraît un peu cheap mais a le mérite d'être fidèle au charme du jeu originel.
Atelier Marie sera ensuite offert en bundle sur Dreamcast avec sa suite Atelier Elie sous le nom simple de “Atelier Marie & Elie: The Alchemists of Salburg 1・2”. Il s’agit cependant d’un véritable remake avec une vraie refonte de l’interface et des sprites afin de supporter la résolution supérieure. Même les illustrations d'événements semblent avoir été rescanné depuis la source originelle pour une meilleure qualité ! C’est bien cette version qui sortira ensuite sur PS2 avant d’être finalement fan traduit par le groupe Atelier Traduction en 2018. Vous vous doutez que c’est la version à laquelle j’ai joué et qui comprend tous les ajouts “hors délire de network ou d’horloge interne” qui ont été apportés. Finalement, la dernière version en date est une version smartphone sortie en 2018.
Gust aura tout fait pour surfer sur le succès d’Atelier Marie, c’est un bazar MONSTRE de s’y retrouver au travers de toutes ces suites et ces spin off :
- “Atelier Elie ~ The Alchemist of Salburg 2”, ok, c’est la suite dans lequel le protagoniste finit par retrouver l'héroïne du premier épisode ( un trope souvent présent dans les jeux Atelier ) et qui ajoute pas mal de complexité au système de jeu.
- “Atelier Lilie ~ The Alchemist of Salburg 3” sur PS2, une préquelle qui relate la création de l’académie avec même les professeurs quand elles étaient petites.
- “Hermina and Cruz ~Atelier Lily Another Story~” qui est un spin off d’Atelier Lilie dans lequel l’un de ses personnage fabrique un homonculus. C’est pas un jeu traditionnel de la série mais plutôt un Visual Novel.
- Atelier Marie GB / Atelier Elie GB qui ne sont PAS des remakes GameBoy des jeux originaux mais un tout nouveau délire qui voulait surfer sur le succès de Pokémon à l’époque. Le joueur choisit sa version et peut échanger des ingrédients avec ceux qui ont l’autre version. Dans les deux cas, le pitch de départ est relativement similaire avec un apprentie fée dont on doit s’occuper et élever mais le déroulement en lui-même ne l’est pas avec des personnages uniques à chaque version !
A noter que le scénario de ce dernier jeu servit de base à “Marie & Elie Alchimistes de Salburg”, un manga de Yoshihiko Ochi que je me souviens avoir lu par hasard à la médiathèque alors que je jouais à Atelier Iris sur PS2 ! J’étais bien surpris de voir que ces deux choses étaient liées ! A noter le petit message adorable de l’auteur qui était trop content que sa série parvienne jusqu’à la France. Le plaisir est réciproque !
J'ai lu beaucoup de manga en médiathèque et déjà à l'époque j'aimais beaucoup l'ambiance très décontractée de ce manga.
Ah pour sûr, je ne pouvais pas voir qu'il était basé sur un spin off Gameboy d'un jeu à l'origine d'une autre série auquel je jouais !
Mais vous pensiez que cette digression mangaesque sonnerait la fin de la liste ? Pas du tout !
- “Alchemist Marie & Elie ~Futari no Atelier~” sur Wonderswam Color met en scène Elie qui doit reconstruire son Atelier après qu’il ait été cambriolé et s’allie pour se faire avec Marie. Les deux partageant les locaux ce qui en fait la suite la plus “normale” de la série avec même un nouveau système de synthèse… Mais seulement sur Wonderswam.
- “Atelier Marie Ellie & Anise ~Soyokaze kara no Dengon~” sur GBA qui est la suite du précédent et propose un troisième personnage pour rejoindre le duo dans un jeu qui introduit encore un nouveau système de synthèse.
- “Atelier Marie Elie ~The Alchemist of Salburg~” sur mobile en 2012 qui euh, j’ai l'impression que c’est le troisième jeu qui est appelé comme ça donc c’est un peu l’abus mais il s’agit en réalité d’un social game où les joueurs peuvent devenir alchimistes et leurs profs sont leurs héroïnes préférés.
Pfiouuuuuuuu…
Je ne sais pas à quel point cette absurde quantité de spin off a véritablement apporté grand chose à la série mais il était évident que des excuses à base de “oui mais y’a une nouvelle fille qui doit devenir forte / oui mais on s’est fait cambrioler” n’allait pas marcher indéfiniment pour le nouveau jeu. À partir du 4e “vrai” épisode des Ateliers en effet, on quittera le monde de Salburg pour celui de Gramnard dans lequel ( quasi ) aucun des personnages aimé par les fans n’existent. Atelier Judie aura ses propres amis, son propre monde, son propre système, ses propres inspirations et pourra partir dans sa propre direction tout en restant dans l’idée de faire un jeu sur l'alchimie.
Beaucoup (trop) de suites / spin off ont été imaginés autour des personnages de Salburg avant que Gust décide enfin de repartir à zéro.
Atelier Lilie (2001 / PS2) ; Hermina and Culus: Atelier Lilie Another Story (2001 / PS2) ; Atelier Marie GB (2000 / GameBoy)
Alchemist Marie & Elie ~Futari no Atelier~ (2001 / Wonderswam Color) ; Atelier Marie Ellie & Anise (2003 / GBA ) ; Atelier Marie & Elie (2012 / Mobile )
Une décision courageuse qui signifie que Gust, à partir de maintenant, ne pourra plus compter sur le succès des épisodes précédents pour vendre et essayera toujours de proposer une nouvelle vision d’Atelier à travers sa nouvelle série. Il faudra ainsi sans cesse convaincre son public que ce nouveau monde est tout aussi intéressant qu’auparavant même s' il devra laisser les personnages qu’il aime derrière. Une décision sans doute plus facile à prendre par le fait qu’Atelier se repose avant tout sur un système de jeu satisfaisant et unique. Il est d’ailleurs étonnant comme beaucoup de ce qui faisait le charme de cet opus se retrouve dans la série des Arlands, testé il y a très longtemps sur ce site et qui va surement être updaté prochainement... On y retrouve le même genre de satisfaction lorsqu’on fabrique un objet sur puissant dont on pourra se servir ou que l’on se fout dans la mouise avec des requêtes acceptées mais qu’on parvient in extremis à tout faire rentrer dans le timing en utilisant bien ses aides !
Mais que l’on ne s’y trompe pas, la série est partie dans de nombreuses directions très différentes avec des héroïnes voir des héros qui nous feront oublier Salburg lui-même. Bien sûr, Marie n’est pas totalement effacée puisqu’elle reviendra régulièrement à travers des jeux cross over à la qualité variable mais la série, elle, continuera bien à avancer sans elle et ses amies.