- Twilight Syndrome -
Twilight Syndrome, un jeu dont vous avez peut être entendu parler mais qu’il est difficile de resituer sans parler de son développeur Human Entertainment. Assez peu connu chez nous, ce dernier s’était à la base surtout fait une réputation via ses jeux de sport, les jeux de football Super Formation Soccer et ses jeux de catch Super Fire Pro Wrestling. Peut être à cause de ce savoir faire dans les activités ancrés dans le réel, ils sortiront sur SNES et PSX quelques jeux aux concepts inhabituels comme “SOS” dans lequel on joue un survivant essayant de fuir un bateau en train de couler ou Firemen où on incarne des pompiers combattant les flammes dans un jeu d’action en vue de dessus. Leur plus grande légende cependant sera “Clock Tower” un jeu d’horreur sur SNES particulièrement en avance sur son temps et reviewé il y a bien 10 ans par ce coquin de Weldar ici, cela ne nous rajeunit pas…
Clock Tower sera pourtant notre point de départ avec ses photos digitalisées pour la SNES, et ses déplacements en vue de côté, Twilight Syndrome semble, de prime abord, une suite de Clock Tower assez évidente… Pourtant, les deux séries sont extrêmement différentes et n’ont pas du tout été faites dans les mêmes objectifs. L’idée de Twilight Syndrome vient avant tout de ce prototype de machine d’arcade produite par Human Entertainment qui était globalement un casque que l’on mettait et qui donnait l’impression d’entendre un fantôme nous parler derrière soi. Ce “3D Sound”... C’était assez populaire en interne ( même si c’est jamais sorti hors de leurs locaux ) alors l’idée émergea d’y rajouter une vraie histoire, des images, bref, un jeu d’aventure comme Human savait faire et c’est l’équipe de Clock Tower qui s’en chargea.
[Human entertainment, Super Fire Pro Wrestling, SOS et bien sûr Clock Tower]
Le titre est également connu comme étant l’un des premiers jeux du plutôt connu directeur Goichi Suda ou Suda 51 pour les intimes. Auteurs de jeux barrés mémorables comme No More Heroes, Lollipop Chainsaw ou l’incroyable Killer 7 il a un style bien à lui, qu’il serait hors sujet de décrire dans cet article… Hors sujet ? Oui parce que si les Twilight Syndrome font effectivement partie de l’univers développé par la célébrité pour des raisons que l’on verra à la fin, Goichi Suda est intervenu sur le projet en remplaçant le directeur originel… Sans qu’on sache vraiment qui. A ce stade seul 3 scénario sur 10 était terminé, le jeu sortait dans 3 mois, autant dire que c’est pas vraiment un jeu qui possède sa patte. D’ailleurs, il prit la décision pragmatique de couper le jeu en deux pour tenir les délais. Un premier épisode “Exploration” sorti en mars 1996 et le second “Investigation” sorti en juillet 1996. Finalement une compilation finit par rassembler les deux jeux sous le nom “special” deux ans plus tard en juillet 1998.
On parlera des deux jeux comme s' ils ne faisaient qu’un vu leur histoire commune.
Mass Consciousness Ghosts
Twilight Syndrome raconte l’histoire de trois lycéennes, Yukari, l'héroïne qui se comporte souvent comme la plus raisonnable, Chisato la spirituelle introvertie et amie d’enfance avec Yukari et Mika, une “kouhai” d’un an de moins que les 2 autres mais qui traîne tout de même avec elles pour divers raisons. Mika, c’est l’élément perturbateur, c’est elle qui va tendre l’oreille pour dégoter les dernières rumeurs surnaturelles et va pousser ses deux amies à enquêter, souvent au crépuscule ( d’où “Twilight” Syndrome, ah ! ) pour voir s' il y a un fond de vérité !
[Chisato garde ses bras croisés, Yukari avance d’un air décidé et Mika balance les bras avec insouciance, il y a une vraie attention des détails !]
Les deux jeux se décomposent en plusieurs “chapitres” nommées “rumeurs”, chacune avec sa petite histoire indépendante. Le plus étonnant au final c’est de voir cette idée de lycéenne enquêtant sur le surnaturel utilisé au premier degré que ce soit sur une élève qui se serait pendue il y a des années en salle de bio, sur les sept mystères de l’école ou sur un piano qui jouerait tout seul la nuit. Le surnaturel au lycée c’est un énorme classique de nombreux manga que j’ai pu lire, mais à chaque fois… Soit c’est dans un chapitre spécial sous le ton de la farce ( Urusei Yatsura, MariaTHolic… Même Blazblue ! ) ou avec un twist ( Hanako-kun ou Higanbana no naku koro ni nous fait voir le monde DEPUIS les esprits brisant un peu leur mystère ) alors que dans Twilight Syndrome le trope est utilisé tel quel, sans fioriture, comme lorsqu’on se raconte des histoires en colonie de vacances… C’est un peu l’idée de base du projet d’ailleurs !
Yuichi Kobayachi superviseur du projet déclare dans une interview que durant sa génération, toutes les écoles avaient une ou plusieurs histoires de fantôme, ça semblait vraiment être un délire là bas ! Je sais pas pour vous, mais moi j’ai jamais entendu parler d’histoire de fantôme dans mon collège ou mon lycée… Pourquoi est-ce que ce serait si systématique là-bas ? Peut-être parce que dormir dans son lycée dans le cadre d’activité scolaire arrive régulièrement au Japon et pas chez nous ? Allez savoir. En tout cas, pour la petite histoire, Human Entertainment avait réservé un petit créneau radio pour promouvoir le jeu pendant 3 mois. C’était carrément 26 petites émission dans lesquelles l’audience était invitée à partager les rumeurs effrayantes et histoire de fantômes qu’il y avait dans leurs écoles. La présentatrice était Kikuko Inoue une doubleuse japonaise ( seiryu ) dont il s’agissait de la première émission du genre… Vraiment ce type d’émission on en avait déjà croisé dans l’article Atelier Marie et cela semble être un délire typiquement Japonais qu’on aurait du mal à imaginer en France. Vous imaginez si, pour la sortie de Rayman 2 à la même époque, on avait eu une petite émission radio sur France Culture genre “Demande des trucs à Rayman” et y’a un mec qui incarne le personnage et te répond ? Ben au Japon ça se faisait..
[Un des 7 mystères]
Ce qui est un peu déroutant pour un lecteur de Visual Novel moderne, c’est que ça signifie que Twilight Syndrome est davantage pensé comme étant un peu “tous” les lycées, des histoires de fantômes qui aurait pu arriver n’importe où et il y a du coup une volonté de paraître réel. Je m’attendais à un jeu très spectaculaire mais au final, les histoires sont parfois… Presque trop simples, décevants, comme si elles venaient effectivement de vraies rumeurs de la vraie vie ! Et c’est souvent le cas ! Le jeu repose donc plus sur son immersion à travers le son pour provoquer l’angoisse bien davantage que ses scénarios et… Disons que ça a sans doute pas mal vieilli pour un public d’aujourd’hui encore plus quand comme moi on ne comprend pas un mot de Japonais et qu’on attend la traduction de quelqu’un qui connait ! Mais la team de développement se mettait quand même à voir des fantômes dans le studio et Suda51 était terrifié en débuggant le jeu se demandant ce qui est normal et ce qui ne l’est pas… Qu’ils sont peureux c’est fou ! Ca me rappelle qu’il y avait le même genre de réaction sur mon dossier “Project Zero” ou les développeurs de jeux d’horreur allaient sur purifier au temple… .
Toujours dans cette idée d’ancrage dans le réel, les héroïnes sont très différentes des tropes d’anime comme on peut les imaginer. Pas d’héroïne renfrognée aux longs cheveux, de tsundere aux couette, de maladroite à forte poitrine, de sportive bronzée ou d’intello à lunette qui bouquine en bibliothèque.. Leurs personnalités sont moins explosives, plus subtiles, tout en gardant tout de même beaucoup de différence entre les 3 protagonistes pour assurer des dialogues divertissants. Et pour cause, la team de scénariste ont installé 3 lycéennes dans un restaurant pour les écouter parler pendant… 5 heures ! L’objectif étant de voir la manière dont elles s’expriment pour les retranscrire dans leurs dialogues avant de les faire relire par une “experte” membre de l’équipe femme ( nommée Mika d’ailleurs… ) afin de s’assurer que les dialogues font bien réaliste.
[Discussion entre fille]
Le résultat, c’est que leurs relations a des petits côtés subtils, on se surprend à détecter des jalousies de la part de Mika envers Chisato, on s’inquiète de l’équilibre mental de Yukari bien moins adulte qu’elle ne veut laisser paraître, on se demande à quoi pense Chisato toujours très peu expressive… Mais comme dans la vraie vie, ce n’est pas pour autant adressé, ça fait partie de leurs relations, de leur quotidien. Il n’y a (presque) pas d’arc dramatique pour adresser tout cela et si on ajoute le fait que les sprites des personnages semblent directement créés à partir de véritables actrices, chacune avec un maniérisme particulier et que de nombreuses photos ont été digitalisées dans le jeu, l’impression de réel, on l’a ! Comme si on regardait une petite série télé dans un jeu vidéo plutôt qu’un anime ou un manga comme on en a davantage l’habitude.
Cette impression de réel n’a pas que des qualités, c’est aussi ce qui fait que le jeu semble parfois un peu plat, le lycée de Twilight Syndrome n’est pas particulier, c’est un lycée comme il en existe partout, d’ailleurs, un intérêt non voulu du jeu est de parfaitement retranscrire son époque avec ses lycéennes équipés de “pagers / bipeurs” ces appareils pré-datant les portables permettant de recevoir des messages simples. Cela renforce alors cette impression nostalgique dont le jeu se joue fort bien.
[Dans la chambre de l'héroine]
Alone in the School
Il y a peu de gameplay dans Twilight Syndrome, quelques déplacement en vue de côté mais je pense pas qu’il y a un moment où on marche plus de 8 secondes avant que le script reprend avec les dialogues qui vont avec. Certains appellent ça des “Sound Novel” c’est à dire rien de plus qu’un roman mais dans lequel le jeu vidéo apporte une mise en scène et un travail tout particulier sur le son… Bon la définition s’applique plus ou moins bien ici et j’ai l’impression que le sens de ce terme a glissé avec le temps mais ce qu’il faut retenir c’est que si Clock Tower était un vrai jeu d’aventure avec des objets à récupérer, des salles à visiter et des ennemis à fuir; Twilight Syndrome, de son côté, n’est qu’une histoire et le joueur n’en est principalement que le lecteur.
“Principalement” oui car on rencontre régulièrement des choix de dialogues durant l’aventure et il s’agit finalement du principal vecteur d’anxiété pour un occidental que des photos de “fantômes” ou des voix bizarres en Japonais ne vont pas troubler plus que ça. Il est possible pour beaucoup de rumeurs d’obtenir la “bonne fin” dans laquelle le mystère est totalement expliqué, une “fin normale” où la réalité semble encore nous échapper même si on peut passer à la suite et aussi carrément une “mauvaise fin”, ce qui peut sonner le glas de nos personnages. Il existe de nombreuses solutions sur Internet et le jeu n’est pas toujours logique sur le chemin de la bonne fin mais je conseille malgré tout de faire un premier run en aveugle, prenant les décisions qui semblent les plus logiques juste pour avoir cette petite tension de savoir si les héroïnes vont y passer, si on s’est trop rapproché des problèmes afin d’avoir la bonne fin… Sachant qu’on peut aussi passer à côté et donc ne pas révéler le mystère non plus ! C’est un dosage plus subtil qu’il n’y paraît et ça marche plutôt bien.
[Ok je pense que c'estle bon moment pour sejeter à l'eau !]
Le jeu a aussi des “collectibles” avec la possibilité de prendre des photos ou d’enregistrer des voix à des moments clés mais… J’ai quasi systématiquement oublié l’existence de cette feature qui ne semblait pas apporter grand chose. Ce qui prend surtout aux tripes donc, c’est cette présentation en vue de côté si originale qu’elle en a rendu ces jeux légendaires.
Du pixel et du son
La présentation est donc fondamentale pour que Twilight Syndrome fonctionne… Après tout, il n’a que ça à proposer pour tenir en haleine le joueur ! Et pour être honnête, le jeu dispose d’un pixel art franchement super chouette, généralement dans la teinte orangée du crépuscule ou dans les teintes bleutées de la nuit. Si la plupart des couloirs sont modélisés en 3D, il arrivera très régulièrement de passer dans des environnements en 2D qui ont encore un charme intact. Le jeu n’hésite d’ailleurs pas à faire un peu de mise en scène, comme avoir des bocaux en avant plan dans la salle de bio, avoir la caméra qui observe l’action depuis un interstice dans la salle de sport, avoir un magnifique point de vue vers la ville à un instant clé voir carrément un close up durant cette séance de karaoké !
Le plus curieux c’est l’utilisation de photos à des moments réguliers du jeu… En général lors d’une rencontre avec une “entitée” qui peut être un fantôme… Ou simplement un humain un peu flippant. Dans ces moments-là, il est assez probable que le fameux “3D Sound” sorte du jeu pour accompagner la voix de l’apparition. On devine que c’était pour accentuer l’impression de réel mais y’a pas, voir une petite fille en uniforme même à moitié dans le sol ne fait pas vraiment peur… D’avantage un homme adulte aux yeux bandés ceci dit. En cela, les chapitres de Twilight Syndrome sont malheureusement assez inégaux avec des chapitres extrêmement réussis avec une vraie tension et d’autres beaucoup plus plat comme celui qui traite d’harcèlement scolaire qui semble avoir pas mal vieilli pour les standards actuels… D’autres sont même carrément drôles… Genre ils croyaient qu’on allait flipper devant un type en maillot de bain vraiment ? Après ça peut être flippant pour des lycéennes pour d’autres raisons je dis pas…
[acteur bien vs acteur mal]
De façon plus rare, le jeu aura aussi des cinématiques 3D pour accompagner certains évènements et euh… On va dire que autant ça a pas mal vieilli, autant les développeurs ont eu la modestie de ne pas représenter de personnages humains à l’intérieur. ( sauf un esprit… Mais bon c’est un esprit ) Pour tout dire, c’est aussi parce qu’ils n’avaient pas confiance de leurs capacités à représenter un visage humain “bien” sur leur sprite qu’ils ont décidé de retirer le visage des héroïnes. Résultat : on “devine” le visage des personnages mais il demeure dans les faits un mystère et à chaque nouvelle image on se dit “ah ? Est-ce qu’on va mieux les voir ?” Ca fait un choix stylistique assez chouette au final.
Ennui ou mélancolie.
Si vous avez “joué” à un Visual Novel un jour dans votre vie, vous savez que ça peut prendre un certain temps avant de démarrer et que le rythme va forcément être un peu lent pour accompagner une descente progressive dans le coeur de la rumeur… C’est pas Clock Tower où tu pars de la pièce principale tu reviens et scissorman débarque en empalant tout de suite quelqu’un. Non là, c’est juste trois filles qui explorent des endroits la nuit, il ne se passe pas grand chose pendant un bon moment même si le sympathique spectrogramme en haut est là pour nous renseigner de leur dose de stress… Moi je trouve qu’elles ont les nerfs solides quand même !
[Un bel endroit mélancolique]
Le rythme lent est délibéré, c’est vrai, mais on peut quand même s’’ennuyer dans Twilight Syndrome.. Encore plus si on vient en tant que fan de Suda51 et qu’on s’attend à un truc vachement hardcore… C’est vraiment pas l’ambiance… Et puis bon, y’a ces moments où Aramata nous tient la jambe au téléphone pendant une heure sur ce que nos rumeurs lui évoque sans que ça nous aide particulièrement, lorsqu’il y a des recherches à la bibliothèque pour se rendre compte que l’un des ponts fait un jeu de mot avec “pays des morts” ce qui explique pourquoi on peut passer par là… Bon… On aurait pu s’en passer… D’ailleurs, je me demande si le fait que Suda51 ait “réduit” certains scénario n’a pas permis de réduire ce genre de moment un peu longuet.
Comme dit plus haut les chapitres peuvent être assez inégaux en terme de scénario et ça se voit que ça a commencé comme une collection d’histoire mis en scène dans un monde un peu abstrait qui les rassemble. Cela signifie que Il y a des rumeurs qui se trouveront être plutôt explicables, des rumeurs qui sembleront plus personnelles, plus liées à la vie de l'héroïne, et des rumeurs qui au contraire peuvent emmener les trois héroïnes dans de véritables situations de danger dans des mondes surnaturels ! Cette diversité a un avantage cependant, c’est qu’on ne sait jamais trop à quoi s’attendre lorsqu’on explore une rumeur, tout peut arriver et on peut être surpris d’à quel point ça peut aller loin !
[L'un des chapitres les plus chiants]
Au-delà du surnaturel, le jeu nous présente un beau mélange entre ce rythme lent, ces histoires d’ado cachant leurs peines, cette thématique du crépuscule avec ses teintes orangées et cette description d’un Japon des années 90. J’étais pour être honnête un peu déçu au début par à quel point tout paraissait “basique” dans ce monde mais j’ai été un peu touché par son final et par l’atmosphère global du titre. J’ai même, pour tout dire, été un peu triste lorsque je me suis rendu compte que ça y’est, on avait fini Twilight Syndrome et il fallait laisser ce petit trio derrière nous Même le DVD de making of présente une Yukari devenue adulte qui se souvient de ces moments de jeunesse avec nostalgie….Nostalgie, c’est le mot, Twilight Syndrome parvient à nous rendre nostalgique d’une époque que l’on a jamais connu et c’est sans doute la chose la plus chouette qu’il peut nous faire ressentir si on y joue aujourd’hui… Bien plus que de la peur en tout cas.
Twilight Legacy.
Vous me direz “mais enfin Haganeren, n’exagérons rien, il y’a eu PLEIN de suite à Twilight Syndrome, nul besoin de tomber dans une mélancolie à deux francs !” et… C’est vrai. Mais d’une façon ou d’une autre, c’est comme si l’équilibre que réussissait à atteindre ce jeu coupé en deux n’a jamais été vraiment retrouvé… D’ailleurs, on le voit même dans le chapitre secret de Twilight Syndrome Investigations ne se débloquant que si le jeu détecte une sauvegarde des deux jeux complété à 100% sur la carte mémoire… Quelque chose que je n’ai pas eu puisque j’ai fait le premier jeu sur ma vraie Playstation et le second sur émulateur… Et je pense que je suis assez content de ça.
En effet, cette rumeur intitulée “Prank” est très différente des autres. Déjà, Mika en est l'héroïne et on la voit rencontrer un mystérieux “Ryo” qu’elle semble connaître… Avant de se rétracter et se demander ce qui lui a pris. Le garçon s’amuse de sa confusion mais lui déclare qu’il souhaite la protéger mais que pour cela il a besoin d’une “préparation”... Mika va ensuite voir ses amies qui… Ne semblent plus la reconnaître. Puis Mika voit Yukari embrasser un homme, désapprouvant la chose. Puis, autre scène, elle voit Chisato faire un truc, du vol à l’étalage peut-être ? Je sais pas. Chisato, soudainement très vocale lui demandera si elle a vu, puis la traite de nuisance, stipulant que depuis qu’elle est arrivée dans leur vie à Yukari et elle, il n’y a eu que des problèmes. Puis Mika est dans un hôtel avec un euh.. Homme nu… qui lui dit qu’elle devait bien savoir ce qu’elle faisait….. Et une Chisato ensanglantée dit qu’elle a tué ses parents débarque dans la rue aussi Je euh.. Et en fait tout ça est un rêve du mec “Ryo” du début… Mais en fait non ? ? ? ??
[Prank]
C’est marrant mais quand on passe de la subtilité des rumeurs originels oscillant entre ennui et dinguerie, aller sur ce chapitre d’une dizaine de minute qui enchaîne les scènes chocs est un peu… discordant… Genre au tout début, quand tu “sens que quelque chose ne va pas”, y’a une vibe, y’a un truc qui marche, un truc qui commence à arriver et qui pourrait potentiellement être incroyable, Mika oubliée des autres que ça joue sur sa propre peur, sa propre jalousie de ne pas être intégrée dans ce groupe d’amie, aaah mais pourquoi pas ! Y’avait un truc à creuser !... Mais immédiatement on voit Yukari embrasser un homme et on fait “ah….” et après ça part encore sur autre chose et ça part de plus en plus loin et à la fin on ne pense plus à ce qui arrive à ce personnage, on l’oublie. On se dit “qu’est-ce qui se passe ?” ou moi je me dis “ah oui c’est Suda51, ça se voit”. On est à ce stade totalement sorti de l’univers du jeu qui n’a plus tant d’importance..
Et c’est un peu ma peur en ce qui concerne la suite directe du jeu “Moonlight Syndrome”. J’ai un peu commencé le premier chapitre mais dès le début, on voit une Mika inquiète d’être poursuivie dans la rue. On voit un personnage bizarre, lynchien qui s’avère être une personne avec qui on parlait au téléphone dans Twilight… Mais Mika est différente, plus agressive, et elle a l’air de s’en foutre du surnaturel ce qui euh contredit absolument tout son personnage du passé. Les personnages en 3D sont horriblement laid, adieu les beaux décors en pixel art, bienvenue aux décors qui dans le meilleurs des cas ressembleront à Myst dans le pire….. A pire.
[Moonlight Syndrome 3D]
Un truc intéressant est que tous les personnages un peu “bigarrés” du jeu avec des discours pseudo philosophiques semble avoir des voix sans sous-titres là où les lycéennes continuent à avoir du texte sans voix. Suda51 semble dire que c’est une nouveauté voulu pour dire que les personnages de Moonlight ne sont pas exactement compatibles avec ceux de Twilight, ils ne sont pas dans le même plan. Déjà c’est pas une nouveauté puisque Twilight jouaient déjà entre les fantômes qui parlent et les vivants qui n’ont que du texte mais surtout ça signifie que le jeu a parfaitement conscience de sa différence avec la série originelle et en joue ! Sauf que ça marcherait mieux si les personnages de Twilight semblaient VRAIMENT écrit comme si ils étaient dans Twilight parce que au final tel que je les ai vu ne serait-ce que dans les 10 premières minutes de jeu, le personnage de Mika est déjà si différent d’avant qu’on ne la distingue pas d’un personnage de Moonlight et donc l’effet tombe à plat !
Sur le papier, ça me rappelle vraiment la démarche de Final Fantasy VII Remake où un Nomura fout ses petites angoisses de créateur sur le devant de la scène, salopant tout le travail des AUTRES auteurs de Final Fantasy VII qui était avant tout une œuvre collective. Ici, on a un Suda51 jeune qui est en mal de faire ses preuves et qui décide, pour qu’on parle de lui, de faire plein de truc choc en prenant des personnages déjà connus et aimés… C’est au point où je suis étonné qu'il n'ait pas tué Mika dans le peu de temps que j’ai joué au jeu parce que c’est complètement son genre ! Il est très probable que cet article soit updaté et que ces paragraphes soient remplacés par d’autres une fois que j’aurais vraiment fait ces jeux mais vous voyez que cela ne donne pas l’impression d’avoir une vraie suite à Twilight Syndrome ! D’ailleurs les fans Japonais de la série ont tendance à détester totalement cet épisode.
[Référence de Twilight Syndrome dans Danganronpa]
Human Entertainment s’effondrera après Moonlight Syndrome et d’autres jeux comme l’incroyable Mizzurna Falls à cause de leur division arcade très déficitaire. Vu que leurs jeux, eux, se vendaient bien, ils purent rebondir en fondant d’autres boites. Suda51, c’est connu partira faire ses propres jeux dans son studio [STUDIO] et les anciens de Twilight Syndrome fondère Spike, une société que l’on connaît surtout aujourd’hui pour avoir démarré la série des Danganronpa en 2010 dont le 2e épisode référence d’ailleurs directement Twilight Syndrome dans l’une de ses enquêtes ! En effet on a le droit à une petite séquence de gameplay dans lequel on contrôle une lycéenne exactement comme dans les Twilight Syndrome originel ! Un fantastique moment en plus dans le contexte du jeu qui m’a permis de connaître cette série tant cette caméra en vue de côté est instantanément reconnaissable.
Entre 2000 et 2010 des tentatives de suivre Twilight Syndrome ont existé. Twilight Syndrome: Saikai en 2000 qui ignore totalement Moonlight Syndrome mais il serait un peu lent comparé aux premiers… Il y eut aussi Twilight Syndrome : Kinjirareta Toshi Densetsu dirigé par le directeur des Twilight Syndrome [LUI] mais bizarrement il a l’air de reposer sur des jumpscares un peu bidon et ça n’a pas l’air si fou. En fait, le plus intéressant ça a l’air d’être Yuuyami Doori Tankentai sorti juste après Moonlight Syndrome dans lequel on explore des rumeurs dans une ville en pleine récession des années 90. Pareil, le directeur étant le même que pour Sakai, le rythme est un peu lent mais le réalisme de l’univers donne vraiment envie de s’y intéresser !
[Les 3 suites après coup]
Bref, ce qu’il y a à retenir c’est que ce sont des jeux qui, malgré leur relative clandestinité aujourd’hui, ont bien marqué leur époque. Je ne compte pas le nombre de blogs japonais en chantant leurs louanges sur lequel je suis tombé, et il a sans doute contribué à populariser ce type d’horreur très orthodoxe qu’il y avait à l’époque et qui se fait tant parodier aujourd’hui. Ses personnages seront également bon gré mal gré à jamais part du monde de Suda51 qui est aujourd’hui bien connu des occidentaux avec son univers “Kill the Past” où tout est lié. J’ai beau trouver ça déplacé, c’est bien lui qui a inspiré Sato de l’équipe Silent Hill pour faire les Forbidden Siren par exemple.
Si vous souhaitez y jouer car j’ai finalement pas spoilé grand chose des jeux, vous pouvez retrouver ce walkthough du jeu sur Youtube avec des sous titre traduisant le tout en anglais. Certes, vous n’aurez pas le plaisir de contrôler directement les personnages, de prier pour ne pas avoir la mauvaise fin ou d’avoir un fantôme vous chuchotant dans l’oreille dans votre langue maternelle mais les commentaires heureux ont l’air de passer un bon moment tout de même ! Après tout, pourquoi pas ,
Twilight Syndrome, un jeu dont vous avez peut être entendu parler mais qu’il est difficile de resituer sans parler de son développeur Human Entertainment. Assez peu connu chez nous, ce dernier s’était à la base surtout fait une réputation via ses jeux de sport, les jeux de football Super Formation Soccer et ses jeux de catch Super Fire Pro Wrestling. Peut être à cause de ce savoir faire dans les activités ancrés dans le réel, ils sortiront sur SNES et PSX quelques jeux aux concepts inhabituels comme “SOS” dans lequel on joue un survivant essayant de fuir un bateau en train de couler ou Firemen où on incarne des pompiers combattant les flammes dans un jeu d’action en vue de dessus. Leur plus grande légende cependant sera “Clock Tower” un jeu d’horreur sur SNES particulièrement en avance sur son temps et reviewé il y a bien 10 ans par ce coquin de Weldar ici, cela ne nous rajeunit pas…
Clock Tower sera pourtant notre point de départ avec ses photos digitalisées pour la SNES, et ses déplacements en vue de côté, Twilight Syndrome semble, de prime abord, une suite de Clock Tower assez évidente… Pourtant, les deux séries sont extrêmement différentes et n’ont pas du tout été faites dans les mêmes objectifs. L’idée de Twilight Syndrome vient avant tout de ce prototype de machine d’arcade produite par Human Entertainment qui était globalement un casque que l’on mettait et qui donnait l’impression d’entendre un fantôme nous parler derrière soi. Ce “3D Sound”... C’était assez populaire en interne ( même si c’est jamais sorti hors de leurs locaux ) alors l’idée émergea d’y rajouter une vraie histoire, des images, bref, un jeu d’aventure comme Human savait faire et c’est l’équipe de Clock Tower qui s’en chargea.
[Human entertainment, Super Fire Pro Wrestling, SOS et bien sûr Clock Tower]
Le titre est également connu comme étant l’un des premiers jeux du plutôt connu directeur Goichi Suda ou Suda 51 pour les intimes. Auteurs de jeux barrés mémorables comme No More Heroes, Lollipop Chainsaw ou l’incroyable Killer 7 il a un style bien à lui, qu’il serait hors sujet de décrire dans cet article… Hors sujet ? Oui parce que si les Twilight Syndrome font effectivement partie de l’univers développé par la célébrité pour des raisons que l’on verra à la fin, Goichi Suda est intervenu sur le projet en remplaçant le directeur originel… Sans qu’on sache vraiment qui. A ce stade seul 3 scénario sur 10 était terminé, le jeu sortait dans 3 mois, autant dire que c’est pas vraiment un jeu qui possède sa patte. D’ailleurs, il prit la décision pragmatique de couper le jeu en deux pour tenir les délais. Un premier épisode “Exploration” sorti en mars 1996 et le second “Investigation” sorti en juillet 1996. Finalement une compilation finit par rassembler les deux jeux sous le nom “special” deux ans plus tard en juillet 1998.
On parlera des deux jeux comme s' ils ne faisaient qu’un vu leur histoire commune.
Mass Consciousness Ghosts
Twilight Syndrome raconte l’histoire de trois lycéennes, Yukari, l'héroïne qui se comporte souvent comme la plus raisonnable, Chisato la spirituelle introvertie et amie d’enfance avec Yukari et Mika, une “kouhai” d’un an de moins que les 2 autres mais qui traîne tout de même avec elles pour divers raisons. Mika, c’est l’élément perturbateur, c’est elle qui va tendre l’oreille pour dégoter les dernières rumeurs surnaturelles et va pousser ses deux amies à enquêter, souvent au crépuscule ( d’où “Twilight” Syndrome, ah ! ) pour voir s' il y a un fond de vérité !
[Chisato garde ses bras croisés, Yukari avance d’un air décidé et Mika balance les bras avec insouciance, il y a une vraie attention des détails !]
Les deux jeux se décomposent en plusieurs “chapitres” nommées “rumeurs”, chacune avec sa petite histoire indépendante. Le plus étonnant au final c’est de voir cette idée de lycéenne enquêtant sur le surnaturel utilisé au premier degré que ce soit sur une élève qui se serait pendue il y a des années en salle de bio, sur les sept mystères de l’école ou sur un piano qui jouerait tout seul la nuit. Le surnaturel au lycée c’est un énorme classique de nombreux manga que j’ai pu lire, mais à chaque fois… Soit c’est dans un chapitre spécial sous le ton de la farce ( Urusei Yatsura, MariaTHolic… Même Blazblue ! ) ou avec un twist ( Hanako-kun ou Higanbana no naku koro ni nous fait voir le monde DEPUIS les esprits brisant un peu leur mystère ) alors que dans Twilight Syndrome le trope est utilisé tel quel, sans fioriture, comme lorsqu’on se raconte des histoires en colonie de vacances… C’est un peu l’idée de base du projet d’ailleurs !
Yuichi Kobayachi superviseur du projet déclare dans une interview que durant sa génération, toutes les écoles avaient une ou plusieurs histoires de fantôme, ça semblait vraiment être un délire là bas ! Je sais pas pour vous, mais moi j’ai jamais entendu parler d’histoire de fantôme dans mon collège ou mon lycée… Pourquoi est-ce que ce serait si systématique là-bas ? Peut-être parce que dormir dans son lycée dans le cadre d’activité scolaire arrive régulièrement au Japon et pas chez nous ? Allez savoir. En tout cas, pour la petite histoire, Human Entertainment avait réservé un petit créneau radio pour promouvoir le jeu pendant 3 mois. C’était carrément 26 petites émission dans lesquelles l’audience était invitée à partager les rumeurs effrayantes et histoire de fantômes qu’il y avait dans leurs écoles. La présentatrice était Kikuko Inoue une doubleuse japonaise ( seiryu ) dont il s’agissait de la première émission du genre… Vraiment ce type d’émission on en avait déjà croisé dans l’article Atelier Marie et cela semble être un délire typiquement Japonais qu’on aurait du mal à imaginer en France. Vous imaginez si, pour la sortie de Rayman 2 à la même époque, on avait eu une petite émission radio sur France Culture genre “Demande des trucs à Rayman” et y’a un mec qui incarne le personnage et te répond ? Ben au Japon ça se faisait..
[Un des 7 mystères]
Ce qui est un peu déroutant pour un lecteur de Visual Novel moderne, c’est que ça signifie que Twilight Syndrome est davantage pensé comme étant un peu “tous” les lycées, des histoires de fantômes qui aurait pu arriver n’importe où et il y a du coup une volonté de paraître réel. Je m’attendais à un jeu très spectaculaire mais au final, les histoires sont parfois… Presque trop simples, décevants, comme si elles venaient effectivement de vraies rumeurs de la vraie vie ! Et c’est souvent le cas ! Le jeu repose donc plus sur son immersion à travers le son pour provoquer l’angoisse bien davantage que ses scénarios et… Disons que ça a sans doute pas mal vieilli pour un public d’aujourd’hui encore plus quand comme moi on ne comprend pas un mot de Japonais et qu’on attend la traduction de quelqu’un qui connait ! Mais la team de développement se mettait quand même à voir des fantômes dans le studio et Suda51 était terrifié en débuggant le jeu se demandant ce qui est normal et ce qui ne l’est pas… Qu’ils sont peureux c’est fou ! Ca me rappelle qu’il y avait le même genre de réaction sur mon dossier “Project Zero” ou les développeurs de jeux d’horreur allaient sur purifier au temple… .
Toujours dans cette idée d’ancrage dans le réel, les héroïnes sont très différentes des tropes d’anime comme on peut les imaginer. Pas d’héroïne renfrognée aux longs cheveux, de tsundere aux couette, de maladroite à forte poitrine, de sportive bronzée ou d’intello à lunette qui bouquine en bibliothèque.. Leurs personnalités sont moins explosives, plus subtiles, tout en gardant tout de même beaucoup de différence entre les 3 protagonistes pour assurer des dialogues divertissants. Et pour cause, la team de scénariste ont installé 3 lycéennes dans un restaurant pour les écouter parler pendant… 5 heures ! L’objectif étant de voir la manière dont elles s’expriment pour les retranscrire dans leurs dialogues avant de les faire relire par une “experte” membre de l’équipe femme ( nommée Mika d’ailleurs… ) afin de s’assurer que les dialogues font bien réaliste.
[Discussion entre fille]
Le résultat, c’est que leurs relations a des petits côtés subtils, on se surprend à détecter des jalousies de la part de Mika envers Chisato, on s’inquiète de l’équilibre mental de Yukari bien moins adulte qu’elle ne veut laisser paraître, on se demande à quoi pense Chisato toujours très peu expressive… Mais comme dans la vraie vie, ce n’est pas pour autant adressé, ça fait partie de leurs relations, de leur quotidien. Il n’y a (presque) pas d’arc dramatique pour adresser tout cela et si on ajoute le fait que les sprites des personnages semblent directement créés à partir de véritables actrices, chacune avec un maniérisme particulier et que de nombreuses photos ont été digitalisées dans le jeu, l’impression de réel, on l’a ! Comme si on regardait une petite série télé dans un jeu vidéo plutôt qu’un anime ou un manga comme on en a davantage l’habitude.
Cette impression de réel n’a pas que des qualités, c’est aussi ce qui fait que le jeu semble parfois un peu plat, le lycée de Twilight Syndrome n’est pas particulier, c’est un lycée comme il en existe partout, d’ailleurs, un intérêt non voulu du jeu est de parfaitement retranscrire son époque avec ses lycéennes équipés de “pagers / bipeurs” ces appareils pré-datant les portables permettant de recevoir des messages simples. Cela renforce alors cette impression nostalgique dont le jeu se joue fort bien.
[Dans la chambre de l'héroine]
Alone in the School
Il y a peu de gameplay dans Twilight Syndrome, quelques déplacement en vue de côté mais je pense pas qu’il y a un moment où on marche plus de 8 secondes avant que le script reprend avec les dialogues qui vont avec. Certains appellent ça des “Sound Novel” c’est à dire rien de plus qu’un roman mais dans lequel le jeu vidéo apporte une mise en scène et un travail tout particulier sur le son… Bon la définition s’applique plus ou moins bien ici et j’ai l’impression que le sens de ce terme a glissé avec le temps mais ce qu’il faut retenir c’est que si Clock Tower était un vrai jeu d’aventure avec des objets à récupérer, des salles à visiter et des ennemis à fuir; Twilight Syndrome, de son côté, n’est qu’une histoire et le joueur n’en est principalement que le lecteur.
“Principalement” oui car on rencontre régulièrement des choix de dialogues durant l’aventure et il s’agit finalement du principal vecteur d’anxiété pour un occidental que des photos de “fantômes” ou des voix bizarres en Japonais ne vont pas troubler plus que ça. Il est possible pour beaucoup de rumeurs d’obtenir la “bonne fin” dans laquelle le mystère est totalement expliqué, une “fin normale” où la réalité semble encore nous échapper même si on peut passer à la suite et aussi carrément une “mauvaise fin”, ce qui peut sonner le glas de nos personnages. Il existe de nombreuses solutions sur Internet et le jeu n’est pas toujours logique sur le chemin de la bonne fin mais je conseille malgré tout de faire un premier run en aveugle, prenant les décisions qui semblent les plus logiques juste pour avoir cette petite tension de savoir si les héroïnes vont y passer, si on s’est trop rapproché des problèmes afin d’avoir la bonne fin… Sachant qu’on peut aussi passer à côté et donc ne pas révéler le mystère non plus ! C’est un dosage plus subtil qu’il n’y paraît et ça marche plutôt bien.
[Ok je pense que c'estle bon moment pour sejeter à l'eau !]
Le jeu a aussi des “collectibles” avec la possibilité de prendre des photos ou d’enregistrer des voix à des moments clés mais… J’ai quasi systématiquement oublié l’existence de cette feature qui ne semblait pas apporter grand chose. Ce qui prend surtout aux tripes donc, c’est cette présentation en vue de côté si originale qu’elle en a rendu ces jeux légendaires.
Du pixel et du son
La présentation est donc fondamentale pour que Twilight Syndrome fonctionne… Après tout, il n’a que ça à proposer pour tenir en haleine le joueur ! Et pour être honnête, le jeu dispose d’un pixel art franchement super chouette, généralement dans la teinte orangée du crépuscule ou dans les teintes bleutées de la nuit. Si la plupart des couloirs sont modélisés en 3D, il arrivera très régulièrement de passer dans des environnements en 2D qui ont encore un charme intact. Le jeu n’hésite d’ailleurs pas à faire un peu de mise en scène, comme avoir des bocaux en avant plan dans la salle de bio, avoir la caméra qui observe l’action depuis un interstice dans la salle de sport, avoir un magnifique point de vue vers la ville à un instant clé voir carrément un close up durant cette séance de karaoké !
Le plus curieux c’est l’utilisation de photos à des moments réguliers du jeu… En général lors d’une rencontre avec une “entitée” qui peut être un fantôme… Ou simplement un humain un peu flippant. Dans ces moments-là, il est assez probable que le fameux “3D Sound” sorte du jeu pour accompagner la voix de l’apparition. On devine que c’était pour accentuer l’impression de réel mais y’a pas, voir une petite fille en uniforme même à moitié dans le sol ne fait pas vraiment peur… D’avantage un homme adulte aux yeux bandés ceci dit. En cela, les chapitres de Twilight Syndrome sont malheureusement assez inégaux avec des chapitres extrêmement réussis avec une vraie tension et d’autres beaucoup plus plat comme celui qui traite d’harcèlement scolaire qui semble avoir pas mal vieilli pour les standards actuels… D’autres sont même carrément drôles… Genre ils croyaient qu’on allait flipper devant un type en maillot de bain vraiment ? Après ça peut être flippant pour des lycéennes pour d’autres raisons je dis pas…
[acteur bien vs acteur mal]
De façon plus rare, le jeu aura aussi des cinématiques 3D pour accompagner certains évènements et euh… On va dire que autant ça a pas mal vieilli, autant les développeurs ont eu la modestie de ne pas représenter de personnages humains à l’intérieur. ( sauf un esprit… Mais bon c’est un esprit ) Pour tout dire, c’est aussi parce qu’ils n’avaient pas confiance de leurs capacités à représenter un visage humain “bien” sur leur sprite qu’ils ont décidé de retirer le visage des héroïnes. Résultat : on “devine” le visage des personnages mais il demeure dans les faits un mystère et à chaque nouvelle image on se dit “ah ? Est-ce qu’on va mieux les voir ?” Ca fait un choix stylistique assez chouette au final.
Ennui ou mélancolie.
Si vous avez “joué” à un Visual Novel un jour dans votre vie, vous savez que ça peut prendre un certain temps avant de démarrer et que le rythme va forcément être un peu lent pour accompagner une descente progressive dans le coeur de la rumeur… C’est pas Clock Tower où tu pars de la pièce principale tu reviens et scissorman débarque en empalant tout de suite quelqu’un. Non là, c’est juste trois filles qui explorent des endroits la nuit, il ne se passe pas grand chose pendant un bon moment même si le sympathique spectrogramme en haut est là pour nous renseigner de leur dose de stress… Moi je trouve qu’elles ont les nerfs solides quand même !
[Un bel endroit mélancolique]
Le rythme lent est délibéré, c’est vrai, mais on peut quand même s’’ennuyer dans Twilight Syndrome.. Encore plus si on vient en tant que fan de Suda51 et qu’on s’attend à un truc vachement hardcore… C’est vraiment pas l’ambiance… Et puis bon, y’a ces moments où Aramata nous tient la jambe au téléphone pendant une heure sur ce que nos rumeurs lui évoque sans que ça nous aide particulièrement, lorsqu’il y a des recherches à la bibliothèque pour se rendre compte que l’un des ponts fait un jeu de mot avec “pays des morts” ce qui explique pourquoi on peut passer par là… Bon… On aurait pu s’en passer… D’ailleurs, je me demande si le fait que Suda51 ait “réduit” certains scénario n’a pas permis de réduire ce genre de moment un peu longuet.
Comme dit plus haut les chapitres peuvent être assez inégaux en terme de scénario et ça se voit que ça a commencé comme une collection d’histoire mis en scène dans un monde un peu abstrait qui les rassemble. Cela signifie que Il y a des rumeurs qui se trouveront être plutôt explicables, des rumeurs qui sembleront plus personnelles, plus liées à la vie de l'héroïne, et des rumeurs qui au contraire peuvent emmener les trois héroïnes dans de véritables situations de danger dans des mondes surnaturels ! Cette diversité a un avantage cependant, c’est qu’on ne sait jamais trop à quoi s’attendre lorsqu’on explore une rumeur, tout peut arriver et on peut être surpris d’à quel point ça peut aller loin !
[L'un des chapitres les plus chiants]
Au-delà du surnaturel, le jeu nous présente un beau mélange entre ce rythme lent, ces histoires d’ado cachant leurs peines, cette thématique du crépuscule avec ses teintes orangées et cette description d’un Japon des années 90. J’étais pour être honnête un peu déçu au début par à quel point tout paraissait “basique” dans ce monde mais j’ai été un peu touché par son final et par l’atmosphère global du titre. J’ai même, pour tout dire, été un peu triste lorsque je me suis rendu compte que ça y’est, on avait fini Twilight Syndrome et il fallait laisser ce petit trio derrière nous Même le DVD de making of présente une Yukari devenue adulte qui se souvient de ces moments de jeunesse avec nostalgie….Nostalgie, c’est le mot, Twilight Syndrome parvient à nous rendre nostalgique d’une époque que l’on a jamais connu et c’est sans doute la chose la plus chouette qu’il peut nous faire ressentir si on y joue aujourd’hui… Bien plus que de la peur en tout cas.
Twilight Legacy.
Vous me direz “mais enfin Haganeren, n’exagérons rien, il y’a eu PLEIN de suite à Twilight Syndrome, nul besoin de tomber dans une mélancolie à deux francs !” et… C’est vrai. Mais d’une façon ou d’une autre, c’est comme si l’équilibre que réussissait à atteindre ce jeu coupé en deux n’a jamais été vraiment retrouvé… D’ailleurs, on le voit même dans le chapitre secret de Twilight Syndrome Investigations ne se débloquant que si le jeu détecte une sauvegarde des deux jeux complété à 100% sur la carte mémoire… Quelque chose que je n’ai pas eu puisque j’ai fait le premier jeu sur ma vraie Playstation et le second sur émulateur… Et je pense que je suis assez content de ça.
En effet, cette rumeur intitulée “Prank” est très différente des autres. Déjà, Mika en est l'héroïne et on la voit rencontrer un mystérieux “Ryo” qu’elle semble connaître… Avant de se rétracter et se demander ce qui lui a pris. Le garçon s’amuse de sa confusion mais lui déclare qu’il souhaite la protéger mais que pour cela il a besoin d’une “préparation”... Mika va ensuite voir ses amies qui… Ne semblent plus la reconnaître. Puis Mika voit Yukari embrasser un homme, désapprouvant la chose. Puis, autre scène, elle voit Chisato faire un truc, du vol à l’étalage peut-être ? Je sais pas. Chisato, soudainement très vocale lui demandera si elle a vu, puis la traite de nuisance, stipulant que depuis qu’elle est arrivée dans leur vie à Yukari et elle, il n’y a eu que des problèmes. Puis Mika est dans un hôtel avec un euh.. Homme nu… qui lui dit qu’elle devait bien savoir ce qu’elle faisait….. Et une Chisato ensanglantée dit qu’elle a tué ses parents débarque dans la rue aussi Je euh.. Et en fait tout ça est un rêve du mec “Ryo” du début… Mais en fait non ? ? ? ??
[Prank]
C’est marrant mais quand on passe de la subtilité des rumeurs originels oscillant entre ennui et dinguerie, aller sur ce chapitre d’une dizaine de minute qui enchaîne les scènes chocs est un peu… discordant… Genre au tout début, quand tu “sens que quelque chose ne va pas”, y’a une vibe, y’a un truc qui marche, un truc qui commence à arriver et qui pourrait potentiellement être incroyable, Mika oubliée des autres que ça joue sur sa propre peur, sa propre jalousie de ne pas être intégrée dans ce groupe d’amie, aaah mais pourquoi pas ! Y’avait un truc à creuser !... Mais immédiatement on voit Yukari embrasser un homme et on fait “ah….” et après ça part encore sur autre chose et ça part de plus en plus loin et à la fin on ne pense plus à ce qui arrive à ce personnage, on l’oublie. On se dit “qu’est-ce qui se passe ?” ou moi je me dis “ah oui c’est Suda51, ça se voit”. On est à ce stade totalement sorti de l’univers du jeu qui n’a plus tant d’importance..
Et c’est un peu ma peur en ce qui concerne la suite directe du jeu “Moonlight Syndrome”. J’ai un peu commencé le premier chapitre mais dès le début, on voit une Mika inquiète d’être poursuivie dans la rue. On voit un personnage bizarre, lynchien qui s’avère être une personne avec qui on parlait au téléphone dans Twilight… Mais Mika est différente, plus agressive, et elle a l’air de s’en foutre du surnaturel ce qui euh contredit absolument tout son personnage du passé. Les personnages en 3D sont horriblement laid, adieu les beaux décors en pixel art, bienvenue aux décors qui dans le meilleurs des cas ressembleront à Myst dans le pire….. A pire.
[Moonlight Syndrome 3D]
Un truc intéressant est que tous les personnages un peu “bigarrés” du jeu avec des discours pseudo philosophiques semble avoir des voix sans sous-titres là où les lycéennes continuent à avoir du texte sans voix. Suda51 semble dire que c’est une nouveauté voulu pour dire que les personnages de Moonlight ne sont pas exactement compatibles avec ceux de Twilight, ils ne sont pas dans le même plan. Déjà c’est pas une nouveauté puisque Twilight jouaient déjà entre les fantômes qui parlent et les vivants qui n’ont que du texte mais surtout ça signifie que le jeu a parfaitement conscience de sa différence avec la série originelle et en joue ! Sauf que ça marcherait mieux si les personnages de Twilight semblaient VRAIMENT écrit comme si ils étaient dans Twilight parce que au final tel que je les ai vu ne serait-ce que dans les 10 premières minutes de jeu, le personnage de Mika est déjà si différent d’avant qu’on ne la distingue pas d’un personnage de Moonlight et donc l’effet tombe à plat !
Sur le papier, ça me rappelle vraiment la démarche de Final Fantasy VII Remake où un Nomura fout ses petites angoisses de créateur sur le devant de la scène, salopant tout le travail des AUTRES auteurs de Final Fantasy VII qui était avant tout une œuvre collective. Ici, on a un Suda51 jeune qui est en mal de faire ses preuves et qui décide, pour qu’on parle de lui, de faire plein de truc choc en prenant des personnages déjà connus et aimés… C’est au point où je suis étonné qu'il n'ait pas tué Mika dans le peu de temps que j’ai joué au jeu parce que c’est complètement son genre ! Il est très probable que cet article soit updaté et que ces paragraphes soient remplacés par d’autres une fois que j’aurais vraiment fait ces jeux mais vous voyez que cela ne donne pas l’impression d’avoir une vraie suite à Twilight Syndrome ! D’ailleurs les fans Japonais de la série ont tendance à détester totalement cet épisode.
[Référence de Twilight Syndrome dans Danganronpa]
Human Entertainment s’effondrera après Moonlight Syndrome et d’autres jeux comme l’incroyable Mizzurna Falls à cause de leur division arcade très déficitaire. Vu que leurs jeux, eux, se vendaient bien, ils purent rebondir en fondant d’autres boites. Suda51, c’est connu partira faire ses propres jeux dans son studio [STUDIO] et les anciens de Twilight Syndrome fondère Spike, une société que l’on connaît surtout aujourd’hui pour avoir démarré la série des Danganronpa en 2010 dont le 2e épisode référence d’ailleurs directement Twilight Syndrome dans l’une de ses enquêtes ! En effet on a le droit à une petite séquence de gameplay dans lequel on contrôle une lycéenne exactement comme dans les Twilight Syndrome originel ! Un fantastique moment en plus dans le contexte du jeu qui m’a permis de connaître cette série tant cette caméra en vue de côté est instantanément reconnaissable.
Entre 2000 et 2010 des tentatives de suivre Twilight Syndrome ont existé. Twilight Syndrome: Saikai en 2000 qui ignore totalement Moonlight Syndrome mais il serait un peu lent comparé aux premiers… Il y eut aussi Twilight Syndrome : Kinjirareta Toshi Densetsu dirigé par le directeur des Twilight Syndrome [LUI] mais bizarrement il a l’air de reposer sur des jumpscares un peu bidon et ça n’a pas l’air si fou. En fait, le plus intéressant ça a l’air d’être Yuuyami Doori Tankentai sorti juste après Moonlight Syndrome dans lequel on explore des rumeurs dans une ville en pleine récession des années 90. Pareil, le directeur étant le même que pour Sakai, le rythme est un peu lent mais le réalisme de l’univers donne vraiment envie de s’y intéresser !
[Les 3 suites après coup]
Bref, ce qu’il y a à retenir c’est que ce sont des jeux qui, malgré leur relative clandestinité aujourd’hui, ont bien marqué leur époque. Je ne compte pas le nombre de blogs japonais en chantant leurs louanges sur lequel je suis tombé, et il a sans doute contribué à populariser ce type d’horreur très orthodoxe qu’il y avait à l’époque et qui se fait tant parodier aujourd’hui. Ses personnages seront également bon gré mal gré à jamais part du monde de Suda51 qui est aujourd’hui bien connu des occidentaux avec son univers “Kill the Past” où tout est lié. J’ai beau trouver ça déplacé, c’est bien lui qui a inspiré Sato de l’équipe Silent Hill pour faire les Forbidden Siren par exemple.
Si vous souhaitez y jouer car j’ai finalement pas spoilé grand chose des jeux, vous pouvez retrouver ce walkthough du jeu sur Youtube avec des sous titre traduisant le tout en anglais. Certes, vous n’aurez pas le plaisir de contrôler directement les personnages, de prier pour ne pas avoir la mauvaise fin ou d’avoir un fantôme vous chuchotant dans l’oreille dans votre langue maternelle mais les commentaires heureux ont l’air de passer un bon moment tout de même ! Après tout, pourquoi pas ,