ALONE IN THE DARK 2
Alone in the Dark 2 sort à peine un an après le premier.et pourtant, bien des choses ont changé en interne… La plus connue car la plus médiatisé c’est le départ de Frédérick Raynal d’Infogramme, La raison est très connue : Reynal avait de grandes ambitions pour Alone in the Dark 2 : Plus de polygones, faire un système de lumière et d’ombre et pourquoi pas déplacer la caméra ? Carrément la rendre dynamique ! Bruno Bonnel refusa catégoriquement : Il fallait battre le fer tant qu’il était chaud et sortir une suite dans les 8 mois ! Pour Noel 1993 ! Reynal est tiraillé, il a l’impression de trahir la boite, mais une proposition alléchante finit par le faire craquer… Il quitte la boîte avec une partie des employés pour fonder sa propre entreprise : Adeline Software dans lequel il aurait carte blanche. On les connaît bien puisque c’est de là que sortiront les excellents Little Big Adventure sur lequel il y a déjà un dossier… Et le plus mitigé, Time Commando que j’aimerais bien regarder un jour quand même….
Les festivités concernant la sortie du jeu furent joyeuses mais amères. C’est en effet à ce moment-là que ceux qui restaient, notamment le scénariste Hubert Chardot et le stagiaire programmeur Franck De Girolami se rendirent compte de la dissolution de l’équipe pour laquelle ils avaient tant donné. Hubert Chardot raconte qu’il posa simplement la question à Reynal “Mais alors, tu t’en vas ?”.... “Oui” avait-il simplement répondu. “Mais pourquoi ne m’emmènes-tu pas ?” voulut-il demander… Mais il ne le fit pas… Même témoignage pour De Girolami qui dit simplement “qu'il n’a pas été choisi”… Il fut en tout cas bombardé directeur du second volet, “j’étais la personne la mieux placée pour ce poste” selon ses dires dans une interview à Micro Kids en 1993. Une émission amusante d’ailleurs, qui spoile globalement tout le jeu un jour avant sa sortie vu comme il n’est pas bien long. En tout cas, ce dossier ne fait que commencer mais c’est ici que Reynal, visionnaire génial, descend du navire de la série pour un bon moment. Nous, on va rester pour voir comment se démènent les laissés pour compte, les orphelins du navire.
Tournant de l’action
Le jeu démarre par une intro qui prend son temps, dans lequel on voit un homme avec un peu d’embonpoint réussir à escalader la façade d’un mystérieux manoir… Oui, encore un… Mais cette fois le lieu est nommé Hell’s Kitchen, est au bord d’une falaise menant à la mer et semble gardé par de vrais humains armés de thompson au lieu de zombie et de démons poulet. Finalement, le mystérieux homme atteint la fenêtre voulue et y trouve une enfant dormant dans un lit, elle se retourne et sourit… De façon incroyable malgré l’âge du jeu, le sourire parait sincère et pas trop horrible. Malheureusement, un pantin clown posé dans un coin de la pièce se réveille et étrangle l’homme par derrière ce qui vaudra sans doute 10 ans de thérapie pour la malheureuse gamine. Un texte malheureusement non doublé clarifie enfin la situation, l’homme qui vient d’être tué est Theodore “Ted” Strickers, il demande de l’aide à Edward Carmby, le héros du premier épisode, pour sauver la petite Graces Saunders enlevé par une bande de malfrat. Il précise que l’endroit est “maudit” sans plus d’explication.
Alors moi si j’avais envoyé ce genre de télégramme je serais pas DU COUP allé chercher la petite tout seul mais Carmby ne semble pas se poser la question “Je n’aime pas qu’on s’attaque à un ami ou une enfant” dit il en prenant son 38 qui cette fois ne restera VRAIMENT pas au bureau. Sa personnalité semble avoir changé depuis l’épisode précédent où on le présentait comme “un reptile” prêt à tout pour avoir un peu d’argent et calmer son banquier. Là, il semble plutôt transporté par la rage d’avoir perdu un proche … Même s' il ne sait techniquement pas qu’il est mort… Mais qu’importe, le jeu commence avec lui qui fout une valise piégée devant le portail du manoir et qui fait tout exploser alors que le titre du jeu ne débarque nous confirmant que oui, nous jouons bien à Alone in the Dark 2 !
Et là, sans transition, le joueur est précipité dans l’enfer… Parce qu’on est juste devant un garde assommé qui ne va VRAIMENT pas tarder à reprendre connaissance, et on doit soudainement assimiler toutes les différences par rapport au premier opus ! Déjà, on a plus que deux verbes au lieu des quatres ( voir cinq ! ) du jeu précédent. “Pousser” et surtout “Attaquer” ! Plus de verbe “regarder” qui était quand même assez primordial avant et plus de verbe “fermer” qui était tout de même la pierre angulaire du gameplay du prem-non ça par contre pas du tout. Mais bref, la disparition de “regarder” c’était quand même très significatif du tournant “action” que prit ce second opus !
Et pour cause, il est plutôt conseillé de battre à main nu le garde à terre afin de récupérer son arme parce que après…. Le joueur est amené à fuir vers le labyrinthe de haie façon Shining avec plein de gardes à chaque coin de labyrinthe qu’il conviendra de flinguer malgré le fait que viser soit excessivement dur et qu’on a aucune aide à la visée ! Petit tip : Tentez de prendre des angles de vue un peu en hauteur car en vue de haut c’est plus facile de viser, essayez aussi d’attendre les ennemis dans des coins du labyrinthes afin qu’ils ne soient pas les premiers à vous toucher… On est très facilement stunlock dans ce jeu ! J’avais vu dans une interview que ce qu’aimait le plus les journalistes dans le premier épisode c’était de dégommer du zombie à coup de fusil à pompe, donc on peut imaginer que c’est la raison de ce tournant action très énervé !
En vrai, il faut encore largement récupérer des objets et les utiliser aux bons endroits pour progresser dans le jeu… Même au début ! Mais quand j’étais petit, c’est ici que j’ai arrêté. Les combats étaient trop durs et la nouvelle linéarité du jeu signifiait qu’en ne comprenant pas un puzzle, je n’avais aucun moyen de visiter le reste du jeu ! En vrai, je n’avais pas trop insisté car Alone in the Dark 1 et 3 m’occupaient déjà bien assez et que si aujourd’hui j’ai une énorme facilité à passer le début très porté sur l’action, il faut se souvenir qu’à l’époque le jeu ramait beaucoup plus que si vous y jouez aujourd’hui et ça rendait les combats d’autant plus compliqué !
Du Lovecraft au Vaudou
Lors de sa conférence GDC de 2012, Frederick Reynal dira qu’il n’est pas vraiment très fan de jeu d’action pur et qu’il n’est donc pas très content de ce qu’Infogramme a fait avec la suite…. Il dira même qu’il pense que des jeux comme Silent Hill ou Alan Wake vont plus dans le sens d’Alone in the Dark… Et en termes d’horreur, il a évidemment parfaitement raison : l’ambiance Cthulhu a été complètement effacée et on a à la place une sorte de délire pirate zombie vaudou un peu bizarre. Il y a fort à parier que cela ait été fait pour ne pas avoir à renégocier des droits sur le mythe de Cthulhu même si tout ça est toujours théoriquement scénarisé par Hubert Chardot comme pour le premier. Il dit que Wolfenstein 3D a été une forte influence et que cela allait plutôt bien avec un jeu qui se déroulerait durant l’ère de la Prohibition Américaine. On peut en effet voir dans les caves de Hell Kitchen tout le nécessaire pour produire de l’alcool ! Ce qui le fascine, c'est de “dévoiler l’ocullte / les ténèbres” dans l’Histoire du monde. Il parle longuement de cette thématique dans Tales from French Game Developpers et comment il le lie à Lovecraft lui-même.
Bref, l’histoire d’Alone 2 est clairement présente et motivée par quelqu’un de passionné. Il y a d’ailleurs de nombreux livres à lire même si je suis très déçu de ne pas avoir réussi à trouver une version française intégrale pour profiter de la direction d’acteur de la série… Pourtant j’ai vu un let’s play qui l’avait donc ça doit exister ! Le peu que j’ai vu semblait conserver l’énergie théatrale du premier avec notamment le récit d’une femme dont la voix se corrompre au fur et à mesure qu’elle sombre dans l’occultislme… Très classe ! Hélas, les livres sont en général seulement sur les différents membres de l’équipage de pirate et l’absence du mythos très étendu de Lovecraft fait que le monde du jeu paraît étonnamment “petit”. En fait, Alone 1 avec ses livres et certains settings parlaient de légendes grecs, d’espace, d’arabes fous, de moines copistes, de pirates et même d’indien ou bien sûr de cette même maison. C’était un moyen intelligent de donner l’impression d’un vaste monde au-delà des quelques salles dont le jeu est composé… Ici, Hell’s Kitchen ne parle que de lui même… Et référence un peu le méchant d’Alone 1 pour le rire.
Bref, l’ambiance et l’histoire ont certes pris un sacré tournant mais en termes de gameplay en revanche, je souhaiterais vraiment remettre un peu de justice envers ce pauvre Alone 2 car… En fait, une fois que l’on passe le début dans les jardins que j’ai largement décrit, le jeu nous fait rentrer dans un manoir exactement comme dans le premier jeu et quasiment tous les combats peuvent être menés soit par la force, soit par la ruse… Comme le premier ! Oui, si je déchire l’article de Musicman ( c’est son nom… ) ça lui brise le coeur et il en tombe raide mort au lieu que je fasse le combat. Si devant cet ennemi en face de la falaise ( même si c’est impossible à deviner ) on pense à gonfler le sac en papier et à le faire exploser, il se réveillera en sursaut pour tomber de la falaise comme un con ! Génial non ?
Non…. Bien sûr en pratique JAMAIS je pense à faire ça, évidemment qu’après le 10e ennemis à avoir eu avec ma Thompson j’ai pas SPÉCIALEMENT de raison de me dire “ouais non ce combat je vais déchirer un papier en fait”. J’ai même l’inverse ! Genre y’a des ennemis bien particulier dont j’aurais JURÉ qu’il fallait un puzzle pour les battre… Mais non… Genre ce monstre transparent spectre super bizarre au début ou ce gros cuisinier qui me dit “Le vin ouvre bien des portes…” avant de me canarder avec une sarbacane parce qu-euh je sais pas, il est juste fou. Non eux non, tu les éclates avec ce que tu as sous la main, donc tes poings en les coinçant contre un mur, ton arme ou une poêle à frire tiens, c’est rigolo. Du coup euh oui ben j’ai vu qu’avec une soluce qu’il y avait plein de moyens alternatifs de résoudre des combats et ça explique tous ces d’objets non utilisés que j’avais dans mon inventaire !
Si ça marche pas, c’est tout simplement parce que tous les combats ne sont pas traités pareil. Dans un jeu comme Deus Ex, Thief ou Dishonored, on a un peu ce contrat en commençant le jeu dans lequel “il est possible de ne tuer personne”, et c’est une fierté si on y arrive. Alone in the Dark 2 fout déjà en l’air ce principe puisque récupérer l’arme du premier garde en le tuant semble indispensable même si il est TECHNIQUEMENT possible de fuir dans le labyrinthe sans tuer personne… Bon courage hein… Mais le pire, c’est qu’Alone in the Dark 1 est exactement pareil ! Quand j’étais petit j’étais VRAIMENT nul en combat et mon ordinateur ramait BEAUCOUP du coup à force de recommencer le grenier pour la 14e fois, j’ai fini par comprendre le coup de bloquer les sorties avec des meubles… Mais faut bien comprendre qu’un joueur moderne qui fait son premier run d’Alone in the Dark et qui est habitué aux jeux d’action… Beeen il va combattre toutes les menaces et il n'aura même pas compris qu’il y avait une autre possibilité !... Vraiment, le problème d’Alone 2 vient de l’ADN que Reynal lui-même a conçu en faisant le 1 ! Il est juste plus apparent dans Alone 2 à cause de son jeu plus long, son plus grand nombre d’ennemis et de situations… Et encore ! Les nombreux livres décrits plus tôt dévoilent parfois les faiblesses de chaque membre de l’équipage du One Eye Jack, on est pas si loin de quand j’ai dû lire un livre pour comprendre comment vaincre le Vagabond dans le 1 !
D’ailleurs ! A l’inverse ! FRANCHEMENT, autant Silent Hill 2 est un chef d’oeuvre inattaquable de narration, autant son gameplay de MORT à taper le même monstre avec la barre de fer pendant trois plombes, comment DIABLE peut on considérer que c’est plus dans l’esprit d’Alone in the Dark 1 que ce second épisode qui a carrément un manoir à visiter en 2e partie avec un délire si similaire au premier ? D’ailleurs, wikipedia cite un Edge Magazine d’une interview dévoilant que l’’équipe originel d’Alone 1 qui a désigné une partie de ce second manoir avec cette idée de se déguiser en père Noël avant de partir avec Reynal ! Bon… Moi jai pas réussi à retrouver la source mais le fait que ça semble plausible montre à quel point les jeux sont similaires ! Et puis alors vraiment… Alan Wake ? Un autre TPS uniquement action avec des combats qui trainent en longueur alors que l’intrigue, super intéressante ne voulait pas se dévoiler avant la fin ? ( Fin qui était en DLC à l’époque si si… Je ne parle pas d’American Nightmare mais de la vraie fin du jeu. Ça m'a fâché avec Remedy jusqu’à… Ben encore aujourd’hui ). En tout cas Alan Wake c’est l’antithèse du jeu où on peut vaincre les ennemis de plusieurs manières, et d’après Reynal, ce serait plus proche de son oeuvre qu’Alone 2 ? Franchement, la haine emporte le créateur sur le sujet je pense…
Tout seul dans le manoir 2
Parce que bon, moi le reproche que je pourrais faire au jeu au contraire c’est qu ' autant j’arrivais à peu près à m’en sortir sur les énigmes d’Alone 1, autant Alone 2 me perd MÉCHAMMENT dessus. Franchement j’ai l’impression d’avoir regardé la soluce tout le long du jeu ! J’ai toujours l’impression d’avoir la vanne à rebours, genre un moment on a une couronne et il fallait penser à la mettre sur un buste de femme que je pensais être que du décor pour ouvrir une porte… Et en fait euh ben oui, c’est vrai que “en fait” j’avais un manuscrit qui disait que “le roi donnait le pouvoir à la reine” et euh donc oui ok, moi “le roi) je donne le pouvoir à la reine ( donner la couronne au buste de femme ), c’est complètement tiré par les cheveux.
Je ne parle même pas de l’autre cuisinier avec son “le vin ouvre bien des portes” que j’étais SUR qu’il voulait que je lui offre une bouteille ! Mais pas du tout puisque lui faut juste le buter on l’a vu. Du coup “en fait” il faut trouver du poison, empoisonner le vin et le poser devant une porte fermée pour qu’il soit pris par les mecs dedans et après ils en sortent et meurent et la porte est ouverte…. C’est un boulbi boulga constant incompréhensible qui faisait sans doute sens lors des réunions hebdomadaires du jeu mais sur lequel on est jamais vraiment sûr de rien vu que si ça se trouve les objets devaient être utilisés pour abattre des ennemis qu’on a finalement battu à la main !
A l’inverse les puzzles que j’arrivais à résoudre c’est généralement parce que j’étais dans une position où j’avais pas d’autres choix et trucs à tenter…. Genre ouais, 4e étage, on retrouve le clown de l’intro qui euh.. Me fait rien alors qu'il a étranglé mon gros mentor mais du coup pour m'en débarrasser faut que je jette le ponpon que j'ai trouvé plus tôt en direction d'un endroit à serpent pour qu'il y aille et.. Disparaisse... Et les serpents aussi.... Et du coup je peux passer parce que avant les serpents me one shotait… C’est incompréhensible.
C’est vraiment pour moi le plus gros défaut d’Alone 2…. Ce qui est très ironique de la part d’un jeu que tout le monde décrit comme étant “trop action”... Il est trop action dans le sens où ça le rend plus confusant par rapport à ce qui est un puzzle ou non mais en soi on passe la majorité du temps à résoudre des énigmes pour pouvoir continuer, c’est un pur Alone in the Dark ! D’autant que l’opus compense vite son intro musclée par son final.
Rythme d’un film : Renaissance et mort façon Monomythe..
Oui oui, vous avez bien lu, y’a bien un moment dans le jeu où j’ai réalisé qu’on était en train de me sortir une énième version du monomythe… Vous savez, cette structure de récit que George Lucas a mis à la mode avec Star Wars ? Bon, le début est un peu plus explosif mais Carmby finit par tomber sur le corps sans vie de Ted Strickers… Qu’il considère comme son mentor apparemment même si personne ne l’a mentionné avant et ne le mentionnera après ! Reste que la mort du mentor est une étape bien connue des films d’aventure et qu’une autre, tout aussi indispensable, donne une “mort” symbolique au héros jusqu’à sa “renaissance” ce qui renouvelle d’autant plus l’intérêt narratif du jeu.
Oui, Carnby se fait avoir comme un bleu vers la moitié du jeu et le joueur doit alors contrôler le personnage même que l’on doit sauver : Graces. A noter que pour son scénariste, c’est pas du tout une étape monomithe mais que ce serait au contraire une convention de film noir… Ah bon… Et bien j’en ai jamais vu faut croire ! En ce qui concerne Graces en tout cas, on se retrouve quand même à la contrôler pour la 2e fois dans la série puisqu’elle était déjà l’héroine du tout petit jeu promotionnel Jack in the Dark sur lequel je ferais un aparté plus tard… Mais on sent qu’elle a reçu beaucoup d’affection de la part de l’équipe de développement. Elle a beaucoup d’animation un peu rigolote genre tirer la langue ou alors pousser des choses avec les pieds… Ce qui ne sert jamais à rien vu que la seule fois où elle pousse un truc, une animation spécifique se déclenche ! Elle a même une animation cachée où si elle tombe dans la cheminée ( un truc parfaitement non nécessaire ) elle amorti sa chute avec un espèce de parapluie qu’elle ne sort d’on ne sait où. En fait, elle me fait beaucoup penser à Maria Renard de Castlevania : Rondo of Blood dans sa manière d’être complètement insouciante dans un monde pourtant théoriquement très hostile.
En vrai, quitte à avoir renoncé à l’atmosphère oppressante du premier opus, rajouter un personnage qui ne peut JAMAIS utiliser la force et qui est un peu burlesque comme Graces a été une étonnante surprise. La revisite qu’on fait avec elle ne paraît pas de trop… Et ça m’a donné une réelle sympathie pour le jeu que je n’avais pas avant ! Finalement, elle finit par libérer pour de bon Carmby qui, dans un tout nouvel environnement que le manoir, devra se débarrasser définitivement de cet équipage de mort vivant ! Un final action donc mais ça passe complètement dans le rythme du récit… En fait, cette narration est de cela dont Alone in the Dark 2 peut être le plus fier car c’est clairement quelque chose que le premier opus, plus ouvert, ne possédait pas vraiment.
En tout cas, le jeu est finalement toujours très impressionnant pour 1993 ! C’est un jeu 3D avec une intro cinématographique très classe alors qu’on était l’année où Street Fighter II s’imposait comme le roi de la baston ! Les premières consoles 3D étaient encore à venir mais on voyait déjà le FMV s’imposer comme le futur du jeu vidéo !... Qu’il ne sera jamais… Mais oui c’était durant cette année que des jeux comme Myst ou 7th Guest sortirent..
Une évolution mitigée
Le pari de Bruno Bonnel a fonctionné et Alone in the Dark 2 se vendit très bien ce noel 1993. Les critiques sont alors plutôt positives même si Infogramme fut accusé par certains de simplement vouloir surfer sur le succès du premier sans se remettre en question… C’est évidemment vrai d’autant que le départ de Frédéric Reynal avait fait grand bruit vu qu’il devait promouvoir son nouveau studio… Mais pour autant, on ne peut pas dire que l’équipe se soit tourné les pouces durant ces 9 mois de développement avec deux personnages jouables, les backgrounds 2D qui peuvent être en parti animé, un rendu pour le moteur 3D clairement plus performant permettant de nombreux personnages à l’écran et des niveaux plus grand. Même Carmby a été entièrement refait au point où je ne le reconnais presque pas ! D’ailleurs, Hubert Chardot nous dit qu’il y avait carrément un second acte prévu où Carmby fait une mission d’escorte avec Graces mais que finalement ça ne s’est pas fait car le programmeur en charge a quitte à le studio pour un boulot à la banque mieux payés… Ça arrive… Et ça montre que le jeu était bien découpé en acte !
En tout cas, j’ai totalement changé d’avis concernant Alone in the Dark 2. La perte de l’atmosphère Lovecraftienne est vraiment dommage et je comprends le regret d’avoir un jeu qui parait aussi.. Burlesque en comparaison mais cela rend le jeu assez original… Vous ne verrez pas beaucoup de survival horror à écran fixe où on se bat contre des pirates zombie croyez moi ! Cela se voit même avec l’incroyable OST du jeu, les mélodies qui accompagnent l’exploration commencent avec
une tension assez remarquable bien sûr, mais d’autres soulignent
un peu plus le fantastique de l’univers visité. MIeux ! On trouve carrément des
musiques de pirates joyeuses accompagnant la petite Graces et comment en vouloir à nos ennemis lorsqu’ils festoient aussi joyeusement à notre exécution
sur cette danse ? Je veux les rejoindre ! Hélas, il s’agira de la seule bande son de jeu vidéo que produira ce Jean-Luc Escalant…
Malgré mon enthousiasme, sachez que le jeu n’est pas sans défaut. Les contrôles bien sûr dont je n’ai pas parlé parce qu' à ce stade ils sont un second instinct pour moi pose d’énormes problèmes à beaucoup de gens aujourd’hui. Ah, si seulement Infogrames avaient pensé à faire une visée automatique comme dans le premier Resident Evil !... Hélas, ce n’est pas le cas et la manière dont les ennemis peuvent facilement nous stunlock ne cessera jamais d’être rageant. Avec ça, la philosophie du premier dans lequel les combats doivent avoir plusieurs manières d’être réglés est malheureusement répété sans trop de compréhension ce qui rend le tout confus et frustrant, La presse dira “que le jeu n’est pas fait pour ceux qui se frustrent facilement” c’est dire... En vrai de nos jours, avec une soluce, ça passe.
Si en fin 1993 la réputation du jeu était plutôt bonne, cela sembla changer lorsqu’Infogramme se chargea d’accomplir des portages sur différentes machines. Cet épisode étant plus frustrant, il était déjà décrit comme dépassé lorsqu’il sorti en 1995 sur 3DO et encore plus en 1996 sur Playstation, à la veille de la sortie de Resident Evil qui le détrônera complètement. Les défauts sont ceux que vous imaginez à savoir des contrôles bien trop dépassés et si personne ne mentionne les puzzle, je soupçonne que c’est parce que aucun testeurs n’étaient allé jusque là !
Les graphismes sont également critiqués mais pour le coup, je trouve que cette manière de modéliser les personnages permet de faire des choses que Resident Evil ne faisaient pas du tout… J’en veux pour preuve le petit mouchoir que sort Ted Striker pour s’éponger le front dans l’intro qui marche étonnamment bien ou même le fameux sourire de Graces Sanders qui marche encore étonnamment bien alors même que tout est rendu en temps réel ! Pas de cinématique pré rendu dans Alone in the Dark 2 en effet, Resident Evil, lui, proposera carrément des scènes FMVs pour esquiver le problème en comparaison !
Bref, cet Alone 2 est un jeu tout à fait appréciable mais on sent que la haute réputation de la série commence à battre de l’aile au fur et à mesure que la technologie avance et qu’il est perçu comme dépassé… Comment est-ce que cela va influencer Alone in the Dark 3 qui sortira l'année suivante ?